Bien gérer ses comptes de libre passage

M. Rupf, pouvez-vous nous expliquer en quelques mots qui est le GAP, et quel est le rapport avec un compte de libre passage?

Le GAP est le Groupement des associations patronales de la construction, à Genève. Il représente 30% des entreprises de la construction, soit 650 artisans et PME qui emploient environ 2500 personnes. Notre groupement dispose de sa propre caisse de prévoyance et, depuis cinq ans, de sa propre Fondation de libre passage LPP, la FLPC.

Fondation de libre passage, comptes de libre passage, pour les travailleurs et travailleuses, ces notions sont parfois abstraites. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi il est important de bien comprendre comment cela fonctionne?

Bien sûr. Prenons par exemple un employé qui a travaillé pendant 8 ans pour une PME. Pendant ces 8 ans, lui et son employeur alimentent chaque mois son deuxième pilier. Un jour, cet employé quitte son emploi. Sa caisse de prévoyance lui demandera alors où doit aller l'argent de son deuxième pilier. Si l'employé est devenu indépendant, ou s'il a définitivement quitté la Suisse, l'argent pourra lui être versé directement. S'il a retrouvé un travail, le montant sera transféré à sa nouvelle caisse de prévoyance. En revanche, s'il n'a pas de nouvel emploi, l'argent devra être versé sur un compte de libre passage, jusqu'à ce qu'il ait un nouvel employeur.

Les comptes de libre passage sont donc utilisés de manière transitoire?

De manière générale, oui, surtout dans les cas où un employé se retrouve entre deux emplois pour une courte durée. Dans certaines situations, l'argent reste plus longtemps sur un compte de libre passage. Par exemple, dans certaines professions, lorsqu'une personne part en pré-retraite et ne veut pas toucher son 2e pilier tout de suite; lorsqu'une personne enchaîne les emplois temporaires de courte durée; ou alors fait une pause professionnelle de quelques années, par exemple pour s'occuper de ses enfants. Dans tous ces cas, l'argent doit rester sur un compte de libre passage, l'employé ne peut pas en disposer à sa guise.

Et une personne qui quitte son emploi peut choisir où ouvrir son compte de libre passage?

Oui, c'est exact. Les banques offrent ces prestations, la Fondation institution supplétive LPP aussi. Et, depuis cinq ans, nous la proposons également.

Et qu'est-ce qui différencie ces différents types de comptes?

La Fondation institution supplétive ne prélève pas de frais, mais n'offre aucun rendement. Les banques prélèvent des frais, offrent parfois un bon rendement mais ne garantissent absolument pas le capital. Cela signifie qu'en cas de très mauvaise année boursière, les pertes peuvent être importantes. Notre modèle permet pour sa part un rendement tout en offrant une protection contre le risque. Pour y parvenir, nous reversons 50% du rendement aux détenteurs des comptes, et plaçons les 50% restants dans une «réserve» pour les années baissières.

Pourquoi est-ce si important de bien choisir son compte de libre passage?

Sur une vie complète de cotisations au deuxième pilier, entre 20 et 30% du capital de prévoyance final vient des intérêts. Ainsi, plus un compte de libre passage est utilisé longtemps, plus l'importance de choisir un modèle qui permet un rendement devient évidente…Et n'oublions pas qu'en cas de reprise d'emploi, l'argent doit être reversé à la nouvelle caisse de prévoyance. Avec un modèle qui privilégie le rendement sans garantir le capital, un transfert au mauvais moment peut donc générer une perte assez importante. Dans tous les cas, il faut se préoccuper de son avoir de libre passage, en choisissant bien le compte où il est déposé, et en n'oubliant pas de le retransférer le moment voulu!