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Droits politiques: Initiative «Une vie ici, une voix ici»

À Genève, une initiative vient d'être lancée pour étendre aux personnes étrangères en Suisse depuis au moins 8 ans le droit de vote et d'éligibilité au niveau cantonal, mais aussi du Conseil des Etats. Une initiative que Syna soutient avec force.

«À Genève, plus de 75% des membres affiliés à Syna ne détiennent pas le passeport suisse. Bien que ces membres vivent et travaillent à Genève, qu'ils y paient des impôts et qu'ils s'impliquent pour certains dans la vie associative ou syndicale locale, ils ne peuvent pas s'y exprimer sur le plan politique», relate Fabrice Chaperon, responsable régional. «En tant que syndicat, nous menons des combats politiques et nous sommes régulièrement dans la rue pour récolter des signatures. La plupart du temps, nos militants n'ont toutefois eux-mêmes pas le droit de signer ces textes, c'est frustrant!», poursuit Fabrice.
Ibrahim, qui milite activement aux côtés de Syna, témoigne lui-aussi: «Je suis d'origine française, je vis à Genève depuis 18 ans où j'élève mon fils de 15 ans. Avoir le droit de vote à Genève m'offrirait la possibilité de soutenir l'avenir de mon fils et sa génération. Ce serait une grande et noble responsabilité pour moi, et une petite fierté pour mon fils!»
Enfin, Komla Kpogli, secrétaire syndical, relève qu'«il y a un sentiment d'être une personne incomplètement incluse lorsque l'on contribue à la vie économique et sociale de Genève sans pouvoir participer à sa vie politique alors que le lien entre les deux est si étroit. Avoir le droit de vote transformera donc les résidents étrangers en sujets politiques genevois pouvant enrichir le débat politique et participer à la décision politique qu'ils 'subissent' comme des objets de l'histoire jusqu'ici. Le canton de Genève ne peut que grandir et se renforcer s'il fait ce choix d'inclusion.»

Secrétaire régional Komla Kpogli et une militante recueillent des signatures pour l’initiative «Une vie ici, une voix ici».
Genève bientôt pionnier? 

Dans le canton de Genève, les étrangers installés depuis au moins 8 ans ont le droit de vote sur le plan communal. Toutefois, sur le plan cantonal, seules les personnes de nationalité suisse domiciliées sur place ont le droit de voter et d'être élues. L'initiative lancée le 31 mars, baptisée «Une vie ici, une voix ici… renforçons notre démocratie!», vise à modifier la Constitution cantonale pour accorder l'ensemble des droits politiques cantonaux aux étrangers résidant à Genève depuis au moins 8 ans. Ce changement permettrait également l'élection de résidents étrangers pour les 2 sièges genevois au Conseil des États, à Berne. Le Conseil national ne serait pas concerné. Cette initiative doit maintenant récolter au moins 10 000 signatures avant le début du mois d'août. Comme la population étrangère qui soutiendrait cette initiative ne peut pas voter en sa faveur, une pétition circule pour qu'elle puisse tout de même faire entendre sa voix. Nous faisons le point avec Pierre Vanek, membre d'Ensemble à Gauche et co-initiateur.

Quel a été le motif de lancement de cette initiative? 

Pierre Vanek: L'initiative a été lancée un an après que le parlement genevois a refusé un projet identique, presque par hasard, à une voix près. Pour soumettre quand même cette réforme démocratique aux citoyens et citoyennes, la voie de l'initiative s'est imposée… On a constitué un front large d'organisations politiques, syndicales, d'associations aussi, et elle sera déposée avec 10 000 signatures cet été. Une bonne préparation pour la votation… meilleure peut-être qu'un simple vote au parlement.

À quel problème répond l'initiative?

Le problème, c'est la division des habitantes et habitants en deux catégories, celles et ceux qui ont un passeport de la «bonne» couleur et les autres, avec privation de droits politiques pour cette dernière catégorie de population.
C'est une sorte d'«Apartheid» politique, une discrimination institutionnalisée légalement, au mépris de la valeur républicaine qu'est l'égalité! Cela signifie que 50% des personnes salariées du canton n'ont pas de droits politiques et n'ont par exemple pas pu voter sur le salaire minimum sur le plan cantonal!
En outre, l'acquisition de droits politiques par naturalisation a été rendue plus difficile ces temps par les modifications de la loi fédérale, notamment l'exigence d'un permis C pour être naturalisé.

Dans le même ordre d'idée, on parle d'abaisser le droit de vote à 16 ans pour stimuler la démocratie. Qu'en pensez-vous?

Je soutiens cette idée, comme tout élargissement des droits démocratiques. Au parlement genevois je suis l'auteur d'un rapport de première minorité défendant cette réforme contre la droite qui la rejette.
Mais c'est moins central que le droit de vote des étrangers et étrangères, car si vous êtes suisses à 16 ans, il suffit d'attendre deux ans et vous avez des droits politiques… Si vous êtes étrangers, même en attendant 50 ans… vous êtes toujours exclu-e!

Un bilan provisoire après un gros mois de récolte des signatures? 

La réaction des gens est bonne. Le temps de cette avancée est venu. L'initiative aboutira, j'en suis persuadé!


Et dans les autres cantons romands?
Actuellement, les cantons de Vaud, Fribourg, Jura et Neuchâtel autorisent la population étrangère à voter, mais aussi et à être élue, au niveau communal. Les cantons du Jura et de Neuchâtel accordent en plus le droit de vote au niveau cantonal, mais pas l'éligibilité. En octroyant à la fois le droit de vote et l'éligibilité sur le plan cantonal, Genève ferait ainsi figure de pionnier si l'initiative «Une vie ici, une voix ici» devait être acceptée.

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