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L’EMS Happy Days licencie des employées de plus de 60 ans : des « Jours Heureux » pour qui ?

Voici le communiqué de presse de Syna sanctionnant la conférence de presse tenue en compagnie des deux employées licenciées.

Née le 29 décembre 1961, Marie* travaille à 80% à l'EMS Happy Days en tant qu'Aide-soignante non qualifiée depuis le 1er mai 2010.

Née le 6 avril 1962, Louise* travaille dans le même établissement en qualité d'Aide-soignante qualifiée depuis le 1er octobre 2011 à 80%.

Victime d'un accident en août 2021, Marie avait alterné des incapacités totales (100%) et partielles (50%) de travail avant une reprise complète le 21 février 2022. Le même jour, Marie est licenciée pour le 31 mai 2022. Elle demande les motifs de cette décision à son employeur. Le 28 février suivant, L'infirmière cheffe et la responsable RH de Happy Days écrivent à Marie : « La raison de votre licenciement est une rupture de confiance et inadéquation avec la philosophie institutionnelle. »

Syna prend alors contact avec l'employeur afin qu'il explicite le motif de la résiliation qui a extrêmement choqué Marie. Une rencontre aura le 8 avril 2022 dans les locaux de Syna Genève. Les deux représentants de la direction de Happy Days, respectivement l'Adjoint de direction et la responsable RH n'ont pas été en mesure d'apporter des éléments concrets et solides pour justifier les motifs du licenciement de Marie qui a fait remarquer qu'elle s'est donnée pleinement à son poste de travail où elle faisait preuve de beaucoup de flexibilité et de disponibilité. Ce que l'employeur a reconnu.

Afin de régler le litige à l'amiable, Syna a fait des propositions assorties d'un délai de réflexion à Happy Days. Le 25 avril 2022, celui-ci notifie son refus des propositions syndicales en écrivant avoir fait tout juste, à l'exception du certificat de travail qui a été amélioré.

Le même 25 avril, Louise informe Syna avoir été licenciée sans motif par Happy Days le 11 avril 2022 pour le 31 juillet suivant. Agée de 60 ans, Louise a été à plusieurs reprises en incapacité complète (100%) ou partielle (50%) de travail depuis le 22 juillet 2021 à cause des douleurs à l'épaule en lien avec sa profession. Le 6 décembre 2021, alors qu'elle travaillait à 50%, la direction convoque Louise pour lui faire part de son « grand nombre d'absences de façon récurrente, ce qui met l'équipe en difficulté ». La direction a exigé de Louise qu'elle signe un document écrit contenant cette remarque difficile à digérer.

À la suite de cela, Louise forcera les choses et reprendra le travail à taux plein du 24 décembre 2021 jusqu'au 21 février 2022, où elle connaîtra une rechute qui la replongera dans une incapacité totale de travail jusqu'au 11 avril, jour de son licenciement. Cette rechute est-elle de trop ? Toujours, est-il que la décision de résilier le contrat de Louise est intervenue au lendemain immédiat de l'échéance du délai légal de protection contre une résiliation en temps inopportun de son contrat de travail.

Traitant déjà l'affaire de Marie, Syna demande immédiatement à l'employeur de lui communiquer les motifs du congédiement de Louise.

Par un courrier du 3 mai 2022, Happy Days, par les signatures de l'infirmière cheffe et de la responsable RH, répond que le licenciement de Louise est fondé sur « des raisons organisationnelles dans le service des soins. »

Marie et Louise contestent les motifs évoqués par leur direction. Le syndicat Syna soutient les deux travailleuses et dénonce ces licenciements inacceptables car fondés manifestement sur l'état de santé des deux victimes qui ont plus de 60 ans. Ces aides-soignantes ont consacré de nombreuses années à être aux côtés des résident-es et de leurs familles. Elles aiment leur travail et le font impeccablement.

En résiliant les contrats de ces deux travailleuses et surtout en se cachant sous de faux motifs pour justifier ces deux décisions, la Direction de Happy Days montre qu'elle considère son personnel comme du kleenex, jetable dès qu'il a été utilisé, pour ne pas dire usé. Cette philosophie de travailleur-ses utiles car en bonne santé et de travailleur-ses inutiles et jetables car âgé-es et malades est de plus en plus répandue, et ceci de manière silencieuse, car les victimes n'en parlent pas ou n'ont plus d'énergie pour se battre. Elle est la preuve que la marchandisation de l'accueil et l'accompagnement des ainé-es dans les instituts à but lucratif génère un management du personnel jetable. Les résident-es, leurs familles et le personnel à leur service paient le prix fort de ce marché dit de « l'or gris ».Syna résolument attaché à l'Humain s'insurge contre cela et refuse que le personnel soit la variable d'ajustement de cette politique du profit liée à la marchandisation des vies humaines. Aussi, Syna dénonce-t-il avec fermeté ce management qui, très souvent, réprime, sans l'avouer, les arrêts de travail au lieu de questionner les conditions de travail génératrices desdites incapacités de travail dans les EMS.

En sa qualité de partenaire social dans les EMS à Genève, Syna exige des associations patronales qu'elles prennent très au sérieux la nécessité de protéger tout-es les travailleur-ses, et particulièrement les plus de 55 ans contre ce type de licenciements scandaleux. Le personnel des EMS mérite du respect, de la considération et de la reconnaissance. Voilà pourquoi Syna estime qu'au lieu de jeter des travailleur-ses âgé-es et parfois atteint-es dans leur santé à cause de la nature même du travail fait dans les EMS, un aménagement de fin de carrière doit être la règle, de sorte que l'Humain passe avant le profit. Syna revendique, dans le même état d'esprit, une revalorisation des salaires de l'ensemble des personnels, l'augmentation des moyens notamment la mise en œuvre de l'Initiative 125, l'instauration d'une retraite anticipée et la réduction du temps de travail en guise de reconnaissance de la pénibilité et d'allègement de la surcharge de travail dans les EMS où le personnel paie souvent de sa santé pour soigner et accompagner dignement les résident-es et leurs familles.

Au moment où les libéraux et leurs alliés de divers horizons veulent rallonger l'âge de la retraite des femmes à 65 ans, la réalité montre que bien avant cet âge, plusieurs femmes sont déjà licenciées, notamment dans les EMS où le travail est fait majoritairement par elles. Syna s'oppose et s'opposera fermement à cette contre-réforme.

Komla KPOGLI Secrétaire régional du secteur Tertiaire SYNA Genève, 076 542 79 18

Les deux employées licenciées accompagnées de leur secrétaire syndical lors de la conférence de presse.