Par Syna le 17.1.2025
Catégorie: Syna Magazine

Le dimanche ne doit pas devenir un jour de travail!

En Suisse, le dimanche est en principe un jour de repos. Pour la plupart des travailleurs et travailleuses, il participe à l'équilibre entre travail, repos, famille et loisirs. Mais le dimanche chômé est toujours davantage remis en question, et c'est inquiétant.

Pour 85 pour cent des salariés en Suisse, le dimanche est généralement chômé. Cette tradition remonte à l'an 321 après J.-C., lorsque l'empereur Constantin a déclaré le dimanche jour de repos. Mais ce jour chômé est de plus en plus menacé, en particulier dans le commerce de détail.

Deux propositions sont actuellement en discussion à Berne. Le conseiller fédéral Guy Parmelin souhaite, par le biais d'une modification d'ordonnance, permettre aux villes de plus de 60 000 habitants et accueillant de nombreux touristes étrangers de créer des zones dites touristiques. Dans ces zones, certains commerces pourraient ouvrir toute l'année le dimanche et les jours fériés. Le canton de Zurich, pour sa part, veut davantage de dimanches avec ouverture des commerces, sans zones ni conditions. Par le biais d'une initiative cantonale, il demande que le nombre de ces ouvertures dominicales passe de quatre à présent à douze par an. Cette initiative est actuellement débattue au Parlement.

Des assouplissements répétés

Les heures d'ouverture des magasins ont déjà été considérablement étendues au cours des 20 dernières années. Cornelia Bickert, responsable de la branche du commerce de détail chez Syna, le confirme: «De nombreux cantons ont prolongé les heures d'ouverture des magasins en semaine». Ces horaires prolongés ne peuvent toutefois pas être couverts avec l'organisation habituelle du travail. Au lieu de cela, les heures de travail sont réparties sur des heures de pointe et interrompues par de longues pauses non payées. «Il n'est malheureusement pas rare que les journées de travail s'étendent sur 12 heures», explique Cornelia Bickert. «Voilà qui ne laisse guère de temps pour la détente et les loisirs. Et cela rend difficile la conciliation entre travail et famille, car les heures de fermeture des magasins sont souvent plus tardives que celles des crèches».

La vente dominicale a elle aussi été fortement libéralisée et nettement étendue dans les zones touristiques, les centres commerciaux, les stations-service et les gares. Pour Cornelia Bickert, il ne fait aucun doute qu'«une nouvelle extension des heures d'ouverture des magasins n'est pas nécessaire. Et pour de nombreux employés et employées, le dimanche est souvent le seul jour à consacrer au repos, à la famille et aux amis.» Elle relève aussi une particularité du commerce de détail: «Le samedi y est un jour de travail régulier. Le dimanche chômé revêt donc une importance d'autant plus grande.»

Argument économique discutable

Les partisans d'une extension des ventes dominicales argumentent qu'elles aident le commerce stationnaire à résister à la concurrence en ligne et garantissent ainsi des emplois. Des études montrent toutefois que les chiffres d'affaires du commerce de détail sont moins influencés par les heures d'ouverture que par d'autres facteurs:

À long terme, la baisse de productivité résultant de l'augmentation des heures effectuées par le personnel pour un chiffre d'affaires inchangé, pourrait même entraîner une baisse des salaires dans le commerce de détail. «C'est ce qu'on constate aux États-Unis et en Grande-Bretagne, où les horaires d'ouverture plus longs créent certes plus d'emplois, mais avec des salaires comparativement plus bas», explique Cornelia Bickert.

Une légère libéralisation lourde de conséquences

Les deux propositions paraissent presqu'insignifiantes, avec des ventes dominicales limitées à douze par an et des zones touristiques qui ne concernent que quelques villes et magasins. Pourtant, même de petites libéralisations entraînent des conséquences bien plus importantes qu'il y paraît à première vue. Parce que ce n'est pas seulement le personnel de vente qui doit travailler ces dimanches- là: les magasins doivent être livrés et nettoyés après la fermeture; les clients doivent pouvoir s'y rendre, ce qui nécessite plus personnel pour les transports publics et la police; et pour les familles où les parents travaillent désormais aussi le dimanche, il faut la possibilité de faire garder les enfants. Cela concerne donc toute une série d'autres emplois.

Ce qui est plus problématique encore, c'est le risque que le dimanche devienne progressivement un jour de travail comme un autre. Chaque nouvelle petite libéralisation – qu'il s'agisse d'une exception ou d'un jour de vente supplémentaire – sapera un peu plus le dimanche chômé, selon la technique éprouvée du saucissonnage.

Ensemble pour des conditions de travail saines

Les demandes de libéralisation se font de plus en plus pressantes et ne concernent de loin pas seulement le commerce de détail. Une joignabilité permanente et une flexibilité toujours plus grande rendent l'équilibre entre travail et loisirs toujours plus précaire. Il est donc d'autant plus important de lutter contre cette évolution. Cornelia Bickert en est convaincue: «Le dimanche doit rester un jour sans travail – pour le repos, les hobbies, les activités communes ou simplement oublier le travail le temps d'une journée. C'est pour cela que nous nous battons!»

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