Par Syna le 17.5.2024
Catégorie: Syna Magazine

Pour l’environnement, l’innovation et l’emploi

L'économie circulaire vise à une utilisation aussi efficace et longue que possible des matières premières et des produits. Lors de leur session de printemps, le Conseil national et le Conseil des États ont décidé de continuer à promouvoir ce modèle d'avenir.

En moyenne, une personne en Suisse produit 703 kilos de déchets par an, soit 1,9 kilo par jour. C'est la preuve, s'il le faut, que notre société doit adopter un comportement plus durable envers notre planète. L'économie circulaire, qui a déclaré la guerre à l'énorme consommation de ressources, convainc toujours davantage, tant dans le domaine politique qu'économique.

De la ligne droite au cercle

Les matières premières sont extraites et transformées en produits, que nous, consommateurs et consommatrices, achetons, utilisons, puis jetons. C'est le parcours linéaire classique de la majorité des objets. Il en résulte une raréfaction des matières premières, des émissions nocives élevées, de grandes quantités de déchets et, par conséquent, une forte pollution de l'environnement. Dans l'économie circulaire, en revanche, les matériaux et les produits sont maintenus en circulation le plus longtemps possible. Cela réduit considérablement la consommation de ressources par rapport au modèle linéaire.

Une approche globale

L'économie circulaire est souvent confondue avec le recyclage. Or, si la réutilisation des matériaux fait certes partie de l'économie circulaire, son ambition est bien plus vaste.

Examinons le cycle d'un produit dans l'économie circulaire. La conception y joue un rôle majeur: il s'agit tout d'abord de définir à partir de quels matériaux le produit doit être fabriqué, en utilisant de préférence des matières premières recyclées ou, à défaut, extraites de la manière la plus durable possible. Autre impératif: les produits doivent être conçus pour durer le plus longtemps possible, être réparables et facilement recyclables. Si, par exemple, la batterie d'un téléphone portable ne fonctionne plus, il doit être possible de ne remplacer que la batterie et non le téléphone complet.

Partager au lieu de posséder

Leur design peut rendre les produits plus robustes, et par conséquent beaucoup plus durables. Si l'on prend en compte la durée de vie d'un objet, c'est bon non seulement pour l'environnement, mais aussi pour notre budget de consommateurs. Cependant, l'économie circulaire vise autant à une optimisation de la durée d'utilisation que de la durée de vie des objets. L'exemple classique d'un produit à faible durée d'utilisation est la perceuse. Dans les ménages privés, elle n'est utilisée en moyenne que 11 minutes sur toute la durée de vie. Il n'est donc pas judicieux que chaque ménage achète sa propre perceuse. Le partage ou la location augmentent considérablement la durée d'utilisation effective.

Ce n'est que lorsqu'un produit ne peut plus être utilisé et réparé qu'il est recyclé, parce que le recyclage lui aussi a un impact sur l'environnement en raison de sa consommation d'énergie, d'eau ou de produits chimiques. Les matériaux récupérés grâce au recyclage servent ensuite à fabriquer de nouveaux produits et le cycle recommence.

La Suisse, pays pauvre en matières premières

Dès les années 80, la Suisse, pays pauvre en matières premières, a fourni des efforts en faveur de l'économie circulaire. D'un point de vue économique, une réutilisation accrue présente trois avantages principaux. D'une part, une réduction de la forte dépendance du pays vis-à-vis de l'étranger, qui peut s'avérer très problématique, comme on l'a constaté avec difficultés d'approvisionnement pendant la pandémie de Covid ou le blocage du canal de Suez. Par ailleurs, les modifications de la production industrielle créent de nombreux nouveaux emplois, où l'accent est mis notamment sur la réparation, ce qui aide les personnes en difficulté sur le marché du travail. Enfin, une partie de la valeur créée à l'étranger peut revenir en Suisse lorsque les produits usagés y sont réparés et réutilisés, ce qui favorise l'emploi tout en atteignant l'objectif premier de réduction de l'empreinte écologique. Pour l'économie suisse, axée sur l'innovation et la qualité, l'utilisation prolongée des produits ouvre de nouveaux champs d'activité, qu'il s'agisse de services de réparation ou de location.

Promouvoir de manière ciblée

L'économie circulaire n'offre pas toujours le mode de production le plus respectueux des ressources, parce que le recyclage et le traitement de certains matériaux consomment parfois plus de ressources et d'énergie que l'utilisation de matières premières primaires. Elle n'en constitue pas moins la voie à suivre pour de nombreux secteurs économiques. Lors de la session de printemps, le Conseil national et le Conseil des États ont ajouté à la loi sur l'environnement un article qui permet au Conseil fédéral de fixer des exigences en matière de durée de vie, de disponibilité des pièces de rechange et de réparabilité des produits. Et le potentiel est énorme. Selon le Circularity Gap Report, l'économie suisse n'est circulaire qu'à 7%. Avec la nouvelle loi, le Conseil fédéral a désormais la possibilité d'augmenter cette part de manière ciblée. La Suisse peut aussi s'inspirer de ses voisins, dont certains sont déjà bien plus avancés. La France, par exemple, a développé le droit de la garantie et introduit un indice de réparation. Celui-ci indique, sur une échelle d'un à dix, la facilité de réparation d'un produit et la disponibilité des pièces de rechange. Les entreprises sont ainsi incitées à produire des appareils plus robustes et à proposer des services de réparation. Des réductions fiscales sur ces services de réparation sont un autre instrument envisageable.

La Suisse a encore bien du chemin à parcourir pour ancrer davantage l'économie circulaire dans notre économie. Le plus vite sera le mieux, parce que tout le monde en profitera: l'économie, l'environnement et les travailleurs et travailleuses.

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