Par Sabri Schumacher le 8.11.2018
Catégorie: Engagement FR

Être son propre patron

Liberté totale ou stress complet? Environ 10% des actifs en Suisse sont indépendants. Une majorité a une entreprise en nom individuel et engage pleinement sa responsabilité. C'est notamment le cas de Valentin (27).

Valentin est menuisier, et indépendant depuis 4 ans. En entretien, il nous a confié pourquoi il conserve sa motivation, même s'il lui arrive de travailler 12 heures par jour.

Qu'est-ce qui t'as poussé à devenir indépendant?

Valentin: Le fait que mes deux amis et moi ayons obtenu le droit d'utiliser un atelier à des conditions très avantageuses a été décisif. À l'époque, nous ne pouvions pas nous imaginer retravailler dans une menuiserie classique. En effet, c'est un domaine très rude et masculin où règne le plus souvent une hiérarchie très verticale. Or nous voulions organiser notre travail à notre guise. Je n'aurais cependant jamais imaginé que cela marcherait aussi vite.

Et comment vous organisez-vous?

Nous sommes un collectif de sept indépendants et nous nous répartissons les coûts de location de l'atelier et des machines. Chacun acquiert ses propres clients. Et si l'un d'entre nous a un plus gros mandat, il peut proposer aux autres par chat de participer au projet. Cela fonctionne bien, car notre structure est très flexible, il n'y a aucune obligation. Cette liberté est pour moi très précieuse.

Et les finances?

C'est bien sûr toujours un sujet de préoccupation. Les deux premières années, nous n'avons rien gagné car nous ne savions pas du tout comment calculer un devis. C'est quelque chose qu'il faut apprendre... Mais au vu des coûts fixes très limités que nous partageons, notre risque financier est minime. En outre, il y a suffisamment de travail pour les menuisiers, nous pouvons toujours trouver un chantier où travailler. Avec le temps, on se crée un réseau professionnel. Pour nous, l'indépendance est désormais plus rentable que le salariat.

As-tu déjà été en état de surcharge de travail?

(Sourit) Oui, c'est arrivé. En fait, quand tu deviens indépendant, tu te dis: «Génial, maintenant je ne travaillerais plus que quatre heures par jour.» Et puis tu te rends compte qu'à terme, ce n'est pas viable financièrement parlant. Mes horaires varient fortement: cette année, j'ai par exemple décidé de profiter de l'été, et j'ai donc peu travaillé durant cette période. En revanche, ces deux derniers mois, j'ai accepté tous les mandats qui m'ont été proposés. Cela signifie qu'il m'arrive de travailler 12 heures par jour, sous stress. Ces fluctuations sont parfois pénibles, mais en fin de compte, c'est ma décision.

As-tu déjà été malade pour une longue durée?

Cette année, j'ai été malade pendant deux mois. J'ai une assurance responsabilité civile et accidents, mais pas d'assurance d'indemnités journalières. En effet, les seules assurances abordables ont une carence de 60 jours. Dans mon cas, cela n'aurait servi à rien.

Peux-tu imaginer redevenir employé?

Cela m'a déjà traversé l'esprit. Mais je pense que c'est très difficile quand on a été son propre patron. Peut-être que si on m'offrait un job de rêve, avec un temps partiel et une flexibilité totale dans mes horaires. On ne sait jamais, il y a de plus en plus de possibilités...

À ton avis, est-ce qu'à l'avenir tous les travailleurs deviendront indépendants?

Je l'espère! Je pense que cela conviendrait à beaucoup de monde. En effet, ton rapport au travail fourni et à l'argent change. En tant qu'employé, tu ne fais qu'exécuter ce qui t'est demandé. Mais en tant qu'indépendant, tu as la responsabilité du processus de A à Z. Tu te sens donc bien plus responsable de ce que tu fais.
C'est pourquoi le travail me tient beaucoup à cœur. Je me donne beaucoup plus de mal pour trouver une super solution que si j'étais un simple sous-traitant.

Plus d'informations
Sabri Schumacher, service Jeunesse et égalité

Article en relation