Par Syna le 10.10.2018
Catégorie: Congrès 2018

«Apprendre où, quand et comment je veux»

Le monde moderne du travail exige que les salarié-e-s continuent d'apprendre tout au long de la vie. Mais comment y parvenir? Et qui doit payer? Discussion avec Bruno Weber-Gobet, responsable de la politique de formation chez Travail.Suisse.

Syna souhaite que tous les salarié-e-s aient accès à la formation continue et soient soutenu-e-s par l'État et l'industrie. Dans quelle mesure est-ce réaliste?

Bruno Weber-Gobet: La loi suisse sur la formation continue le prévoit déjà. Elle fixe 3 principes:

  1. Les employé-e-s sont responsables de leur propre formation continue.
  2. L'employeur doit créer un «climat favorable à la formation»: en d'autres termes, il doit soutenir les employé-e-s qui souhaitent se perfectionner.
  3. La Confédération et les cantons contribuent également – notamment financièrement – à ce que chacun-e puisse se perfectionner en fonction de ses capacités.

La législation remplit donc déjà toutes les conditions nécessaires à la vision de Syna.

Actuellement, de nombreux employeurs bloquent malgré tout la formation continue de leurs employé-e-s.

En réalité, cela ne fonctionne que lorsque c'est rentable pour l'employeur. Si une entreprise tire un bénéfice de la formation continue de ses employé-e-s, elle les soutiendra. Dans le cas contraire, elle se montrera moins ouverte aux demandes de formation continue. Ce constat vaut en particulier pour les salarié-e-s peu qualifié-e-s, pour qui la formation continue est pourtant essentielle!


«En règle générale, les employeurs ne soutiennent la formation continue que
quand ils en tirent un avantage financier direct.»

Bruno Weber-Gobet

Il n'existe cependant aucun moyen légal de sanctionner les employeurs. C'est pourquoi Travail.Suisse réclame depuis longtemps des sanctions.
En outre, les employeurs devraient également être tenus de prendre leurs responsabilités en cas de licenciement: si un-e employé-e licencié-e a besoin d'une formation complémentaire pour devenir employable, alors son ancien employeur devrait en assumer les coûts.

La question financière est cruciale: beaucoup d'employé-e-s n'ont pas les moyens de s'offrir une formation continue.

C'est pourquoi Travail.Suisse exige 3 jours de formation obligatoires par an pour chaque employé-e. Les coûts devraient être pris en charge par l'employeur et le temps devrait être compté comme temps de travail.
Cette règle devrait s'appliquer de la même manière à tous les employé-e-s.

Cela semble prometteur. Quels sont les autres éléments du monde idéal de la formation de demain?

Nous devons réorienter notre système de formation professionnelle pour mieux répondre aux besoins des adultes. Ces dernières années, la priorité a été accordée aux jeunes en raison de la crise des places d'apprentissage. Mais cette stratégie n'est plus en adéquation avec le marché du travail actuel.
Nous devons développer de nouvelles formes de formation conciliables avec une vie familiale et professionnelle. Apprendre quand, comment et où je veux: cette forme d'autodétermination doit devenir possible.
L'accessibilité aux services d'orientation professionnelle et de carrière doit également être améliorée. En effet, se former de manière ciblée implique de connaître l'offre disponible. Il y a là encore beaucoup à faire.

Mais il faut en premier lieu que l'on prenne conscience que la formation des adultes est l'outil le plus efficace contre la pénurie de personnel qualifié. Pourtant, plutôt que d'investir dans la formation, on économise partout, ce qui génère des coûts élevés sur le long terme.

«Notre travail – notre formation» 

La Formation et la formation continue assurent l'existence: Les employé-e-s acquièrent continuellement de nouvelles compétences, pour se développer et s'adapter aux changements dans le monde du travail. Mais pour que cela soit possible, ils/elles ont besoin du soutien financier et du temps de leurs employeurs.
Alors Syna demande:

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