Par Juan Barahona le 19.3.2021
Catégorie: Politique

Covid-19: une maladie professionnelle sans surveillance

La Suisse ne dispose d'aucun monitoring ni de données exhaustives sur le nombre de professionnel-le-s de la santé infecté-e-s par le Covid-19 dans l'exercice de leurs fonctions. Et, bien que le coronavirus soit reconnu comme maladie professionnelle, dans la pratique les assureurs n'entrent pas en matière. Pour contribuer à faire bouger les choses, fais-nous part de ton vécu, de ton opinion et participe à notre sondage.

Selon les rapports cliniques remis à l'Office fédéral de la santé publique (OFSP), 6% des infections au Covid concernent des personnes employées comme médecins ou infirmières et infirmiers. Cela représente 5000 cas, entre mars et décembre 2020. Sur ce nombre, 301 personnes ont dû être hospitalisées. Cependant, comme ces rapports ne contiennent aucune information sur le lieu de travail des personnes infectées, il est impossible de savoir combien d'entre elles travaillent dans un hôpital, une maison de retraite ou un service de soins à domicile. 

En France, qui dispose de statistiques précises et publiées hebdomadairement, près de 68 000 professionnel-le-s de la santé ont été infecté-e-s du 1er mars 2020 au 8 février 2021 et 19 d'entre eux/elles sont décédé-e-s. Au niveau mondial, selon Amnesty International, plus de 7000 professionnel-le-s de santé sont mort-e-s entre février et septembre 2020.

Une évaluation du risque réel est nécessaire

Il est scandaleux qu'autant de professionnel-le-s s'infectent et décèdent dans l'exercice de leur profession. C'est une grave violation de leurs droits fondamentaux: ils/elles ont le droit d'être en sécurité, de disposer d'un matériel de protection adapté et en quantité suffisante et de recevoir la formation nécessaire à son utilisation correcte. Ils/elles ont également le droit de participer aux décisions concernant la santé et la sécurité sur le lieu de travail, de pouvoir compter sur un soutien psychosocial, mais aussi de bénéficier d'une prime de risque, amplement justifiée.

Il est urgent que nos autorités se dotent d'outils de monitoring pour évaluer le réel impact de la crise sur le personnel de la santé et prendre les mesures propres à y répondre. Elles doivent également être en mesure d'expliquer dans quelle proportion le coronavirus est considéré comme maladie professionnelle et quel soutien est offert aux personnes infectées.

Une question de preuves

En avril dernier, Syna informait que le coronavirus est reconnu comme maladie professionnelle. Mais, dans la pratique et sur la base des cas connus, Syna déplore que les assureurs n'entrent jamais en matière. Il suffit de consulter le site de nombreux assureurs pour s'en convaincre. Certains affirment clairement qu'en raison de la propagation généralisée du coronavirus, il n'est probablement plus possible de prouver un lien de causalité exclusif ou prépondérant avec le travail. Une réponse facile pour éviter de payer les coûts. Pour que cela change, nous avons besoin de ton aide: Afin de faire évoluer les choses, ton vécu et ton témoignage sont essentiels pour Syna. Participe à notre sondage et encourage tes collègues à y participer également.

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