Par Arno Kerst le 4.7.2019
Catégorie: Politique

Grève des femmes*, congé pour les papas

Quelle semaine tout en contrastes! Commentaire de Arno Kerst, président de Syna.

Couleur et détermination pour la grève féministe* du 14 juin: des centaines de milliers de femmes et d'hommes solidaires de toute la Suisse sont descendus dans la rue pour demander une véritable égalité dans tous les domaines de la vie. Toutes et tous ont exprimé leur impatience de concrétiser l'égalité réelle des femmes*, et leur conviction que l'égalité ne s'obtiendra pas par la division, mais au contraire par une union des forces. Par exemple, en incitant les hommes à être plus présents à la maison, à la naissance des enfants et après.

Déconnecté de la réalité

Une semaine plus tard, 40 hommes et 6 femmes plutôt grisonnants ont débattu du congé paternité au Conseil des États. Avec un âge moyen de 58 ans, il va sans dire que la paternité n'est plus une réalité immédiate dans la vie de ces représentants cantonaux. Rien d'étonnant dès lors à ce que certains votes ait été déconnectés de la réalité. Les discussions ont porté sur les coûts pour l'économie et les défis organisationnels, les mérites du volontariat et du marché ont été loués, et certains n'ont pas hésité à faire l'éloge de leur propre paternité.
Puis, force leur a été de reconnaître que nous faisons face à une pénurie de travailleurs qualifiés et que les entreprises riches attirent des employés en leur offrant plusieurs semaines de congé paternité. Impossible donc de se fier complètement aux arguments libéraux et antisociaux ressassés depuis des lustres. Les dizaines de milliers de voix qui avaient réclamé haut et fort l'égalité sur la Place fédérale la semaine précédente ont-elles résonné jusque dans les couloirs du Palais fédéral?

Historique!

C'est ainsi que la Chambre haute a connu un moment historique: pour la première fois, une chambre parlementaire a dit oui au congé paternité, ne serait-ce que pour 10 jours. Pour que les 20 jours que nous avons demandés trouvent du soutien au Conseil national, nous devons faire comprendre que lorsque l'on parle de congé paternité, on parle aussi:

La discussion sur le congé de paternité montre bien que la grève féministe ne doit pas être un point final, mais le signal de départ pour que l'égalité devienne une réalité. Saisissons cette occasion de faire en sorte que la dignité humaine n'ait bientôt plus de genre!

Durée du travail sous pression

Les entrepreneurs de la construction ont tenté le coup l'an dernier; cette année, c'est le second-œuvre qui à exigé à son tour que les artisans travaillaient plus longtemps et de manière plus flexible (voir l'article). Les discussions dans l'artisanat illustraient parfaitement la manière dont les patrons interprètent la notion si positive de «flexibilisation».
Pour eux, les employeurs sont les seuls à devoir en bénéficier. Les divers besoins des travailleurs en manière d'organisation du temps de travail ne trouvent guère grâce à leurs yeux: temps partiel dans l'artisanat? Exclu! Congé paternité? Pas nécessaire! Horaires connus à l'avance? Impossible! Décider soi-même du moment où compenser ses heures supplémentaires? Et puis quoi encore? Les horaires de travail et, en conséquence, les travailleurs, sont soumis à une forte pression.
Nous devons résister et formuler nos besoins avec force.

Je vous souhaite donc des vacances d'été reposantes et régénératrices!

Arno Kerst, président de Syna

Article en relation