Par Selina Tribbia le 23.4.2019
Catégorie: Engagement FR

Intégration, avec fair play!

Les réfugiés doivent pouvoir travailler, c'est évident. Un groupe de travail composé de représentants des partenaires sociaux et des cantons avait été chargé d'édicter des recommandations en matière de conditions de travail. Syna s'est opposé à des propositions de salaires désolantes.

Serons-nous capables d'intégrer les réfugiés et les personnes admises à titre provisoire au marché du travail? Sur le plan social, le défi est important. Si nous échouons, ces personnes resteront toute leur vie dépendantes de l'aide sociale. Cela renforcera la réticence de la population envers la tradition humanitaire de notre pays, et pourrait même conduire à des réactions racistes et extrémistes. Certains cantons envisagent d'ailleurs de réduire l'aide sociale pour les réfugiés, du simple fait de leur statut.
En tant que syndicat, Syna souhaite s'impliquer, mais pas aux conditions actuellement dictées par la Confédération et les cantons!

Préjugés et lieux communs

Différents prestataires, comme l'Œuvre suisse d'entraide ouvrière, fournissent depuis de nombreuses années une aide à l'intégration. Avec un succès mitigé: d'un côté, les commissions paritaires ont du mal à approuver des exceptions aux salaires minimums, et d'un autre les employeurs ne sont pas toujours prêts à donner une chance aux réfugiés. Comme le montrent les récits de Bashir, Mohammed Ewaz et Tom (voir les interviews), leur opinion sur la productivité et la capacité d'apprentissage de ces demandeurs d'emploi est empreinte de préjugés et de lieux communs.

Salaire équitable et perspectives

Le fait qu'un réfugié adulte, qui ne peut entamer une formation reconnue, doive travailler jusqu'à une année pour 300 francs par mois est incompréhensible! Dans le second œuvre, les employeurs transmettent souvent aux commissions des demandes nettement inférieures au salaire minimum.
Syna a un avis tranché sur la question: ces «salaires de stage» sont envisageables pour 2 mois d'introduction au maximum, ensuite le salaire minimum est dû. En outre, des mesures d'accompagnement sont nécessaires: il n'est pas acceptable qu'un réfugié soit exploité à un salaire minime sans se voir offrir la chance de participer à un cours de langue, professionnel ou de recherche d'emploi.
En l'absence de recommandation nationale, Syna s'engage au niveau cantonal pour une intégration équitable et des conditions de travail décentes.

 

Mohammad Ewaz:
«Au restaurant, j'avais du mal à accepter l'image que ma cheffe avait de moi. Je devais être disponible à tout moment pour un faible pourcentage de travail. Et lorsque je me suis qualifié pour les championnats du monde de karaté en Italie et que j'ai demandé 2 jours de congé, elle a refusé! Je suis quand même parti, car je m'entraîne dur depuis des années, et j'ai été sacré champion du monde de la catégorie des moins de 80 kilogrammes!»

Bashir:
«C'est dur de trouver une place sur le marché du travail. En Afghanistan, j'étais enseignant au secondaire; je sais donc combien la formation est importante. Même si j'ai 30 ans et une famille à nourrir, j'aimerais faire un apprentissage. En Suisse, c'est possible. Je suis d'abord parti en Iran, où j'ai travaillé pendant 5 ans sur les chantiers. Ici, je dois tout recommencer à zéro. Durant les stages de 3 semaines, il y a souvent des problèmes de compréhension avec les collègues. Parfois, les attentes sont bien trop élevées et nous ne pouvons pas y répondre dès le premier jour. Mais c'est ma seule chance ici en Suisse pour m'intégrer».

Habtegergish (surnommé Tom):
«Je veux être autonome ici en Suisse. J'ai trouvé un emploi en cherchant le logo d'une entreprise de mon quartier sur Google pour voir s'il y aurait quelque chose pour moi. Une amie m'a aidé à rédiger ma candidature. Ça a été une très bonne expérience. Dans mon pays d'origine, je cultivais des tomates, des piments et du maïs sur cinq hectares, avec mon frère.»

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