Par Syna le 19.10.2018
Catégorie: Congrès 2018

Temps de travail: La charge augmente pour les travailleurs

Les horaires de travail suisses sont les plus longs d'Europe, tandis que le présentéisme et les heures supplémentaires passent pour des signes de bon rendement et de bon travail.

Sous prétexte que les clients l'exigent et que l'on suit l'évolution globale, les employeurs attendent toujours plus souvent de leur personnel qu'il reste atteignable en tout temps. En raison de la digitalisation, le quotidien professionnel se complexifie et s'intensifie, son rythme s'accélère.
Quand il s'agit de planifier et d'attribuer le travail, les entreprises ne pensent souvent qu'à la maximisation de la productivité. Par conséquent, les employé-e-s doivent se montrer toujours plus flexibles et, en raison de leurs horaires de travail plus irréguliers, ils/elles ont toujours plus difficultés à planifier leurs activités extraprofessionnelles.
Par ailleurs, les horaires fluctuants résultent également en un morcèlement des affectations, parfois sur 24h, un revenu incertain pour les personnes rémunérées à l'heure et davantage de travail temporaire. La compatibilité entre travail et vie privée diminue, le besoin naturel de repos, de temps à se consacrer à soi-même et à sa vie sociale est de moins en moins pris en compte. Voilà une évolution qui se révèle des plus néfaste pour la sécurité et la santé, avec pour conséquences des accidents de travail, l'épuisement, des burnouts, une baisse de productivité et la résignation.
La protection de la santé, qui devrait être renforcée, est au contraire toujours plus menacée: l'enregistrement du temps de travail est remis en question et de nombreux politiques demandent une prolongation et une flexibilisation des temps de travail accompagnées d'une réduction des temps de repos.

Déficit de confiance, augmentation du travail gratuit
Bien que le rythme du travail s'accroisse et que les horaires deviennent plus flexibles, la confiance diminue, tout comme l'estime témoignée aux employé-e-s. Ce qui est inexplicable, puisqu'un travail plus flexible devrait résulter en plus de responsabilité individuelle.
Le travail gratuit prend de l'ampleur: préparations et rangements, trajets supplémentaires et travail excédentaire ne souvent pas pris en compte, et il arrive trop souvent que la durée du travail lui-même ne soit pas enregistrée, rendant une rémunération correcte impossible. Dans ce contexte le «travail de confiance», au nom trompeur, équivaut à du travail gratuit.

Flexibilité: une flexibilité à sens unique
Tout en exigeant une flexibilité croissante de la part du personnel, les entreprises se montrent elles-mêmes très peu flexibles lorsqu'il s'agit d'adopter des modèles de travail plus favorables aux employé-e-s.
Un manque de flexibilité particulièrement sensible pour les pères et les mères qui doivent concilier vie de famille et travail. Les modèles de travail flexibles restent trop rares, et le congé de paternité n'est toujours pas inscrit dans la loi. Les entreprises et l'État proposent trop peu de structures d'accueil abordables, ce qui empêche de nombreuses femmes de rejoindre le marché du travail, alors même qu'il y a pénurie de main d'oeuvre.
Cette flexibilité qui fait défaut en faveur des salarié-e-s pénalise aussi souvent les supérieur-e-s hiérarchiques direct-e-s, qui se privent ainsi de ses effets positifs: moins d'absences et plus de motivation, qui résultent à leur tour en une moins grande fluctuation et en une plus forte productivité.

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