Par Marco Geu le 25.4.2019
Catégorie: Branches

CFF et Valora: les employé-e-s comptent pour beurre

Les CFF ont à nouveau attribué la location de leurs surfaces de vente à Valora – entre autres parce que Valora a promis aux CFF des prestations supplémentaires pour les client-e-s du rail. Les intérêts des employé-e-s Valora n'ont à aucun moment été pris en compte dans le processus d'adjudication, ce qui est une honte pour une entreprise fédérale qui a une responsabilité sociale.

Valora a remporté l'exploitation des 262 surfaces de vente mise au concours par les CFF. L'entreprise sise à Muttenz a entre autres promis aux CFF de nouvelles offres, telles qu'un café gratuit pour les voyageurs en cas de retard, café que les employé-e-s Valora devraient distribuer sur les quais. Ce confort accru est proposé aux client-e-s CFF aux dépens des employé-e-s Valora, qui se trouvent chargés de tâches supplémentaires fastidieuses.

L'ironie veut que les salarié-e-s travaillant dans les enseignes Valora (par ex. «k kiosk», «press&books», «Caffè Spettacolo», «Brezelkönig», etc.) soient en réalité une minorité à être vraiment employés par Valora. La plupart de ces commerces sont en effet gérés par des entrepreneurs franchisés et des agents, c'est à dire par des entrepreneurs indépendants. Comme ils ne sont pas assujettis à la CCT, ceux-ci imposent souvent des conditions de travail nettement moins bonnes à leurs employé-e-s. Et voici que ce personnel déjà harassé devrait de surcroît distribuer des cafés sur les quais pendant les heures de pointe? C'est aberrant!

Le modèle commercial de Valora, qui consiste à exploiter ses propres marques avec l'aide de tiers et à répercuter sur eux le risque entrepreneurial, est connu depuis longtemps. Syna s'est opposé à ce modèle avec opiniâtreté et poursuit sa lutte. À notre avis, la légalité du modèle d'agence et de franchise de Valora est plus que douteuse.

Et il est plus scandaleux encore que les conditions de travail des employé-e-s dans les enseignes Valora n'aient visiblement joué aucun rôle aux yeux des CFF dans l'adjudication de leurs surfaces de vente. Les CFF acceptent ainsi sans sourcilier que des personnes doivent travailler dans leurs locaux pour des salaires de misère. La garantie de conditions de travail équitables devrait pourtant aller de soi dans les locaux d'une entreprise qui appartient à tous les Suisses et Suissesses.

Article en relation