Par Syna le 5.8.2020
Catégorie: Syndicat

«Il s’agit de façonner l’avenir ensemble»

Solidarité et esprit d'équipe s'écrivent en lettres capitales pour le secrétaire central de Syna Diego Frieden. Pour lui, cela ne fait aucun doute: ce n'est qu'ensemble que nous pouvons réaliser de grandes choses.

Que fais-tu en tant que secrétaire central chez Syna?

Diego Frieden: Je suis responsable de 3 branches au niveau national – électricité et énergie, industrie horlogère et microtechnique et infrastructure de réseau – au sein desquelles je représente Syna et ses membres. Je négocie par exemple des contrats collectifs de travail suprarégionaux. En tant que secrétaire central, bien que Romand, je représente toutes les régions de Suisse et pas seulement la Suisse romande. Je trouve cela important.
Je suis par ailleurs responsable du service santé et sécurité au travail et œuvre à ce que nous appelons des «solutions de branches». Il s'agit de garantir la santé et la sécurité des travailleurs et des travailleuses. Si chaque entreprise devait s'en occuper elle-même, cela nécessiterait beaucoup de temps. La solution de branche représente en quelque sorte une plateforme de ressources et de processus liés à la promotion de la santé et de la sécurité au travail dans la branche, dont peuvent bénéficier les entreprises. Cette plateforme est spécifique à chaque branche – le personnel des soins par exemple a des besoins différents de ceux des travailleurs-euses de la construction. Dans cette tâche, je n'agis toutefois pas en tant que syndicaliste, car il n'y a pas de négociations. J'échange malgré tout régulièrement avec les différents responsables de branches. En tant que coordinateur de notre propre solution de branche des syndicats et des organisations à but non lucratif, je suis l'interlocuteur de tous les coordinateurs/trices de sécurité (cosec) dans les régions. Dans ce domaine, je suis aussi membre de la Commission fédérale de coordination pour la sécurité au travail (CFST). J'y occupe l'un des deux sièges de la représentation des travailleurs et travailleuses pour notre association faîtière Travail.Suisse.

Et très concrètement: qu'est-ce qui représente la majeure partie de ton travail, quelle est ton activité principale?

Le plus important est le contact avec les associations patronales et les autres représentants des travailleurs et travailleuses – c'est-à-dire les partenaires sociaux – d'une part, et, d'autre part, avec les membres et les régions, surtout les régions. Je dois être au courant de ce que les régions entreprennent dans les différentes branches. Et en contrepartie, elles doivent savoir ce qui se fait au niveau national. J'assume en quelque sorte une fonction de coordination et veille à ce que les régions puissent faire leur travail au niveau régional en leur fournissant ce dont elles ont besoin. Il ne s'agit toutefois pas uniquement d'une transmission d'informations, mais d'une communication globale sur ce que fait Syna, à l'externe également, par exemple en cas de licenciement collectif.

Qu'est-ce qui te motive dans ton métier?

Je partage les valeurs de Syna. La vie m'a gâté, tant sur le plan privé que professionnel. J'essaie de «rendre» cela avec les ressources dont je dispose. Je suis convaincu que l'on a besoin de nous. Il est très important pour moi de pouvoir apporter ma contribution à travers mon travail. Ce n'est pas comme dans une entreprise, où l'incitation financière est grande. Ici, il s'agit de façonner l'avenir en collaboration avec d'autres personnes, avec les partenaires sociaux. Je suis fermement convaincu que le partenariat social est incroyablement important et positif, mais nous devons y travailler chaque jour. Il ne tombe pas du ciel. À l'étranger, on a souvent l'impression que tout est simple en Suisse, que les gens vont «automatiquement» bien, mais ce n'est pas vrai.

Par ailleurs, nous sommes une grande équipe, presque une communauté. Nous ne nous voyons certes pas tous les jours, mais nous savons que nous pouvons compter les uns sur les autres. Nous travaillons ensemble, il n'y a pas de cloisonnement. Lorsqu'on voit ce que l'on peut atteindre ensemble, c'est très motivant. La votation sur le congé de paternité du 27 septembre en est un exemple, dont nous pouvons être fiers. Dans ce travail, on se rend compte que s'il est possible de réaliser quelque chose seul, ce n'est qu'ensemble que l'on peut réaliser de grandes choses.

Y a-t-il un souvenir précis que tu te remémores volontiers?

(Il réfléchit) La rencontre de tous les cadres et secrétaires syndicaux à l'occasion du 20e anniversaire de Syna. Nous avons formé tous ensemble le chiffre 20 pour la photo. Et là, j'ai regardé autour de moi – je voyais les personnes les plus diverses, des jeunes et des moins jeunes – et j'ai pensé: tant de choses se sont passées durant ces 20 ans, parmi les personnes présentes certaines étaient alors encore des enfants, moi presque aussi. À ce moment-là, je me suis senti très heureux de faire partie de cette équipe. J'aime aussi me souvenir des journées du personnel, qui rassemblent tous les collaborateurs et collaboratrices, aux personnalités si différentes, et venant de tous les coins de Suisse. C'est super!
Dans notre travail, les nouvelles sont très souvent mauvaises – avec, par exemple des licenciements ou des infractions à la loi sur le travail. Les bonnes nouvelles sont vite oubliées, car les mauvaises nouvelles ne tardent pas à arriver. Je me réjouis déjà de célébrer le résultat positif de la votation sur le congé de paternité! Déjà lors de la remise de l'initiative, j'étais très fier de notre réussite.

«Ich bin fest überzeugt, dass die Sozialpartnerschaft unglaublich wichtig und gut ist, aber wir müssen jeden Tag hart dafür arbeiten.»

Diego Frieden
Quelle est la situation la plus comique que tu as vécue en tant que secrétaire central?

Il y a quelques années, j'étais invité à une séance d'information des partenaires sociaux à Dornach, dans le canton de Soleure, chez Baoshida Swissmetall AG. L'entreprise est connue, parce qu'elle a été le théâtre de grandes grèves à Reconvilier, dans le canton de Berne, dans les années 90-2000. Elle a plus tard été rachetée par une société chinoise.
Les représentants du patronat nous ont servi de l'eau minérale durant la séance. Lorsque j'ai bu, j'ai remarqué qu'elle avait un goût bizarre. Quelques heures plus tard, je me sentais de plus en plus mal et en ai déduit que cela venait de l'eau. C'est assez drôle: mon père travaillait pour le DDC et j'ai donc vécu dans de nombreux pays d'Afrique et d'Asie où la qualité de l'eau laisse à désirer. Or la seule fois où j'ai vraiment eu un problème avec l'eau, c'était à Dornach (il rit). Il m'est ensuite venu l'idée de faire un petit jeu de mots dans le communiqué de presse relatif à cette séance d'information des partenaires sociaux. J'ai donc écrit que l'arrière-goût amer laissé par les informations communiquées s'apparentait à celui de l'eau minérale servie sur place. Mais cette blague est tombée à plat: aussitôt après l'envoi du communiqué de presse, le secrétaire des employeurs m'appelait horrifié en me disant que je ne pouvais pas écrire une telle chose, car les responsables chinois penseraient que nous avions le sentiment qu'ils voulaient nous empoisonner. Alors que je voulais juste faire une petite plaisanterie…

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