Par Johann Tscherrig le 20.4.2021
Catégorie: Branches

Faire d’une pierre deux coups

Dans l'industrie, la numérisation chamboule le marché de l'emploi: des métiers et des activités disparaissent, faisant place à des emplois aux exigences différentes. Alors que la branche manque de main d'œuvre qualifiée, le personnel dont la formation est obsolète risque d'être laissé pour compte. La passerelle MEM apporte une réponse à ces deux problèmes.

Le projet s'est concrétisé en décembre dernier: les partenaires sociaux de l'industrie des machines, des équipements électriques et des métaux (MEM) ont fondé la société anonyme «MEM-Passerelle 4.0 AG». L'un des plus points forts des dernières négociations de la CCT est devenu réalité.
La passerelle MEM permet à des adultes en milieu de carrière de suivre une reconversion accélérée. Une première discussion permet de clarifier les compétences de chacun et d'identifier des possibilités de développement professionnel. Les participants suivent ensuite des modules de formation continue à temps partiel, en s'appuyant sur les compétences déjà acquises pour en développer de nouvelles.

La formation pilote a commencé
La nouvelle société MEM-Passerelle 4.0 AG a pour mission de développer des formations adaptées. À cette fin, elle travaille avec des organismes gouvernementaux ainsi qu'avec des partenaires de tous les secteurs de la formation. Si les cursus s'adressent aujourd'hui principalement aux entreprises et personnes qui travaillent dans l'industrie MEM, la Passerelle devrait s'ouvrir à d'autres branches à l'avenir.

Une formation pilote a débuté mi-octobre 2020 au centre de formation professionnelle IDM de Thoune. Celle-ci fournira des indications précieuses pour élargir l'offre de la Passerelle. Pour Syna, 2 conditions préalables doivent être remplies dans la prochaine phase de développement::

  1. Égalité des chances
    La Passerelle doit être accessible au plus grand nombre. L'offre ne doit pas seulement s'adresser aux collaboratrices et collaborateurs déjà promus et ouverts à la formation continue. L'ensemble du personnel doit par conséquent avoir régulièrement accès à un bilan de compétences – un droit inscrit dans la CCT-MEM grâce à Syna. Les entreprises sont tenues d'appliquer ce règlement de manière cohérente.
    À l'issue de la phase pilote, l'accès à la Passerelle devra aussi être «neutre en termes de coûts». Cela signifie que la participation ne doit pas dépendre de la capacité financière de l'employée ou de l'employé.
  2. Sensibilisation
    Pour que ce programme fonctionne, il est impératif que les travailleuses et travailleurs reconnaissent la nécessité de la Passerelle MEM et les opportunités qu'elle offre, et qu'ils fassent preuve de proactivité. Pour leur part, les partenaires sociaux doivent les sensibiliser à cette question.
Perte de revenus: un obstacle

Cependant, le plus grand obstacle au succès de la Passerelle MEM est la perte de salaire pendant la période de reconversion. Même si une formation modulaire raccourcie permet de la contenir au maximum, certains modules ont lieu pendant les heures de travail et entraînent donc une perte de revenus. Pour la branche MEM à elle seule, il est donc difficile de développer une solution viable. C'est pourquoi Syna demande que les solutions permettant d'amortir la perte de salaire soient discutées au-delà des frontières de la branche, y compris avec la Confédération, les cantons et les communes.

Article en relation