Le syndicat Syna critique les mesures proposées hier par le Conseil fédéral pour juguler les coûts de la santé. Après la crise du coronavirus, il faut des investissements et une redistribution équitable de l'argent dans le domaine de la santé: plus de temps et de salaire pour le personnel et des soins de qualité pour la population.

Alors que la crise du Covid-19 n'est pas encore surmontée, avec un nombre de cas actuellement à la hausse, le Conseil fédéral a présenté hier des mesures visant à économiser un milliard de francs dans le secteur de la santé.

Une pression accrue sur les conditions de travail 

Ces mesures exerceront une pression supplémentaire sur les coûts, qui ne fera qu'accroître les abus dans la santé. Pourtant, le secteur souffre aujourd'hui déjà d'une pénurie de main d'œuvre qualifiée, la majeure partie du personnel soignant quittant la profession après quelques années, en raison de conditions de travail désastreuses. Les salaires stagnent et la vague de privatisations des dix dernières années a contribué à une baisse vertigineuse de la qualité des conditions de travail et du degré de satisfaction du personnel. Or la crise du coronavirus a démontré, si besoin était, qu'un retour à un service public fort est absolument indispensable.

Cesser d'économiser sur le personnel

Depuis longtemps déjà, l'augmentation des primes d'assurances-maladie grève en particulier le budget des salarié-e-s des branches aux conditions de travail précaires. Il est donc juste de vouloir soulager ces employé-e-s. Mais le calcul du Conseil fédéral est faux s'il implique en contrepartie une économie supplémentaire sur les professionnels de la santé. Il y a suffisamment d'argent dans le secteur de la santé, ce qu'il faut, c'est le répartir de manière plus équitable. Les hôpitaux ne doivent pas faire de bénéfices, et si bénéfices il y a, ceux-ci doivent revenir au personnel.

Les applaudissements ne suffisent pas

«Évoquer à l'heure actuelle un programme d'économies dans le secteur de la santé est d'un cynisme révoltant, alors que la population a clairement indiqué, en applaudissant sur les balcons, qu'elle veut plus de reconnaissance pour l'héroïsme des professionnels de la santé. Ces femmes et ces hommes, qui jour et nuit veillent sur les plus faibles et les plus âgés d'entre nous, méritent de bénéficier enfin de meilleures conditions de travail», déclare Migmar Dhakyel, secrétaire centrale de Syna pour le secteur de la santé.

Estimant qu'il faut revoir la politique de la santé, Syna rejette résolument les mesures présentées hier par le Conseil fédéral et demande une revalorisation du secteur de la santé. Le syndicat demande au Conseil fédéral, aux cantons et aux employeurs

• des améliorations salariales structurelles pour le personnel de santé,
• l'annulation des privatisations d'hôpitaux,
• l'introduction d'une CCT nationale avec des standards sociaux élevés.

Renseignements complémentaires
Migmar Dhakyel, secrétaire centrale pour la santé