Par Guido Schluep le 12.12.2021
Catégorie: Branches

Les ouvriers du bâtiment sont inquiets

La construction est en plein essor – et pourtant, sous des prétextes fallacieux, les entrepreneurs refusent une nouvelle fois d'augmenter les salaires. Mais pour les ouvriers et ouvrières du bâtiment, les salaires ne sont pas le seul problème: lors de la conférence de branche de Syna, ils ont défini leurs revendications pour les prochaines négociations de la CN.

Lorsqu'il s'agit de refuser une augmentation de salaire, la Société suisse des entrepreneurs fait preuve d'une grande créativité. Elle invoque ici la structure salariale plus basse de l'horticulture, là les emplois qui seraient menacés si les salaires étaient augmentés. La Société suisse des entrepreneurs nous accuse volontiers d'être opposés à des hausses de salaire individuelles. Pourtant, Syna a toujours souligné que nous n'avions aucune objection à cela. Chaque employeur est libre de se montrer plus généreux que ce que nous avons négocié pour chaque ouvrier et ouvrière du bâtiment. Mais Syna négocie pour l'ensemble de la branche et non pour des individus. C'est également ce que prévoit la Convention nationale (CN).

Les constructeurs font pression

Mais ce n'est pas suffisant: les patrons continuent de semer la zizanie. Ils n'hésitent pas à remettre publiquement en question les acquis de la CN. Récemment, la Société suisse des entrepreneurs a indiqué qu'un vide conventionnel ne nuirait pas à la branche. De même, sans la CN, les conditions de travail et les salaires ne se détérioreraient pas. Mais c'est entièrement faux, et nous le savons. Sans CN valable, les entreprises profiteront très vite des nouvelles conditions-cadres pour augmenter leurs marges. Et leur personnel en payera le prix.
Les membres de Syna se sont fermement opposés à la position des entrepreneurs en organisant des manifestations de protestation le 30 octobre à Genève, Zurich et Olten. Sous le slogan «Qui construit, décide!», 5000 participants ont défilé pour attirer l'attention sur la pression croissante des délais, les horaires de travail trop longs et la nécessité de proposer des salaires équitables dans la construction.

Les travailleurs de la construction définissent leurs revendications
La grande enquête de Syna montre aussi clairement qu'il est urgent d'agir dans le secteur de la construction. Plus d'un millier d'ouvriers et ouvrières y ont répondu et ont fait part de leurs préoccupations. Lors de la conférence de branche Syna pour le secteur principal de la construction, le 27 novembre, Guido Schluep, responsable de la branche, a présenté les résultats de l'enquête. Ceux-ci ont montré que la suppression du temps de déplacement non payé pour se rendre sur les chantiers figurait à la première place des besoins exprimés par le personnel. Autres sujets fréquemment évoqués: une protection accrue contre le licenciement des travailleurs âgés, une meilleure protection de la santé, le manque d'hygiène sur les chantiers et la limitation du travail temporaire.

Les délégués et déléguées de Syna à la conférence de branche se sont appuyés sur les résultats de cette enquête pour établir une liste de revendications pour les prochaines négociations de la CN. Pour la première fois lors d'une conférence de branche de la construction, Syna a accueilli Nico Lutz, membre de la direction et responsable du secteur construction du syndicat Unia, en tant qu'invité. Ce dernier a présenté à l'assemblée le catalogue de revendications pour les négociations d'Unia pour la CN. Pour l'essentiel, celui-ci correspond aux revendications des membres de Syna. Nous pourrons ainsi entamer les négociations de manière unie.
Et après?

Les négociations sur la nouvelle CN débuteront en février 2022, pour une entrée en vigueur en 2023. Il est probable que les négociations s'étendront jusqu'à la fin de l'année prochaine. Nous avons d'ores et déjà décidé que nous organiserons une grande manifestation nationale de la construction à Zurich, le samedi 25 juin, en collaboration avec Unia. Ensemble, nous voulons donner du poids aux revendications des travailleurs et travailleuses. Si les négociations avec la Société des entrepreneurs n'aboutissent pas sur un résultat acceptable, d'autres actions de protestation suivront.

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