Par Syna le 27.7.2020
Catégorie: Syndicat

«Le partenariat social revêt une grande importance»

Johann Tscherrig est un vieux briscard du syndicat: après avoir été des années durant responsable régional pour Syna dans le Haut-Valais, il a franchi le pas et est devenu secrétaire central à Olten, la brumeuse. Répondant à nos questions, il partage un peu de sa vaste et précieuse expérience.

Quelle est ta tâche principale, en tant que secrétaire central à Olten?

Johann Tscherrig: Contrairement à mon ancien travail de secrétaire régional, je m'occupe aujourd'hui de conventions collectives de travail (CCT) nationales. J'ai donc la responsabilité d'améliorer les conditions de travail d'un grand nombre de professionnels dans toute la Suisse. La grande différence entre ces deux activités est qu'au lieu d'avoir directement à faire avec les membres, je discute aujourd'hui avec les syndicats et associations patronales.
Je suis aussi responsable de l'exécution de CCT dans plusieurs commissions paritaires.

«Exécution» a une connotation un peu militaire, non?

Non, ça n'a rien à voir avec un quelconque «drill»! Nos commissions contrôlent simplement que les employeurs appliquent correctement les CCT. Nous vérifions par exemple que les salaires soient correctement calculés et versés, que la durée du temps de travail soit bien enregistrée, que la durée maximale de travail autorisée ne soit pas dépassée, etc. Ces contrôles d'exécution, très présents dans le secteur de l'artisanat n'existent pas toujours dans d'autres branches.

Et lorsqu'un employeur ne respecte pas les règles, cela a-t-il des conséquences pour lui?

Et comment! D'abord, les sommes dues qui n'ont pas été versées doivent l'être rétroactivement. Ensuite, les employeurs qui se permettent des infractions à répétitions sont contraints de payer eux-mêmes les contrôles, et, le cas échéant, de s'acquitter d'une amende conventionnelle.

Le contact direct avec les membres te manque-t-il?

Tu sais, après tant d'années, il était temps pour moi d'assumer d'autres responsabilités! Et en contrepartie, dans ma fonction actuelle, j'ai plus de contacts avec les autres régions Syna. Je les conseille pour tout ce qui concerne «mes» branches. Ma longue expérience m'est alors très utile.

Quels ont été les moments forts de ta longue carrière syndicale?

La période de mes débuts a été passionnante, puisque qu'ai vécu de l'intérieur la fusion des différents syndicats qui ont constitué Syna. En tant que secrétaire puis responsable régional de Syna Haut-Valais, j'ai contribué à faire du Haut-Valais l'une des plus grandes régions de Syna. J'avoue que j'en suis fier. Et j'apprécie les nombreux contacts personnels que j'ai pu nouer au fil des ans, le vaste réseau que je me suis constitué.
Un moment fort récent a été la signature de la CCT pour la branche des échafaudages, après de nombreuses années de négociations.

Tu as aussi dû vivre des choses étonnantes?

Certainement… Ce qui ne cesse de m'étonner, par exemple, ce sont les employeurs assujettis à une CCT, qui pensent que ses règles ne s'appliquent pas pour eux…
Je remarque qu'en ce qui concerne la politique sociale, la mentalité est différente en Suisse romande, plus progressiste qu'en Suisse alémanique… J'essaie donc de « l'importer » ici (il rit). Mais à l'avenir, il sera en règle générale toujours plus difficile de maintenir nos acquis sociaux.

Les défis sont donc multipliés ces dernières années?

Oui, il devient aussi toujours plus difficile d'obtenir des améliorations des conditions de travail. Mais actuellement, le plus gros défi pour les syndicats, c'est de rendre les salariées et salariés plus âgés aptes à travailler avec le numérique, afin qu'ils conservent leur place dans le marché du travail du futur.
Malgré toutes ces difficultés, nous finissons cependant toujours par retrouver un dialogue constructif avec les patrons, pour améliorer les CCT: le partenariat social conserve une place très importante en Suisse. Et les deux parties, tant les employeurs que les salariés, veulent que le travail soit régi par des règles claires et contraignantes. Ce partenariat social vivant m'apporte une grande satisfaction.

«C'est justement ce qui fait l'intérêt du travail syndical: c'est un moyen de vraiment faire bouger les choses!»

Johann Tscherrig
Il contribue donc à te motiver dans ton travail?

Exactement. Je suis heureux de pouvoir améliorer la situation des travailleuses et travailleurs. C'est justement ce qui fait l'intérêt du travail syndical: c'est un moyen de vraiment faire bouger les choses!

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