Par Syna le 30.7.2021
Catégorie: Communiqués de presse

Ras-le-bol d’être le punching-ball du pays

Syna questionne les récentes décisions d'établissements hospitaliers ou de faîtières sanitaires romandes d'amputer de 20 pour cent, en cas de quarantaine, le salaire des employés non vaccinés. Cette mesure est répressive, disproportionnée, stigmatisante, injuste et indigne.  

Cette mesure pourrait par ailleurs avoir des conséquences négatives pour la profession. Cependant, les employeurs ne sont pas les seuls responsables. Syna attend des autorités des positions claires et assumées car pour l'instant, et depuis une année et demie, le personnel de santé en a ras-le-bol qu'on lui tape constamment dessus au nom de la patrie.

Mesure répressive 

Il est critiquable que les employeurs jouent la carte de la menace, de la contrainte, de la pénalisation pour encourager (obliger !) leurs employés à se faire vacciner plutôt que de miser sur la sensibilisation, le dialogue, l'argumentation, voire même l'incitation positive. Une telle gestion humaine de la problématique est questionnable.

Mesure disproportionnée

Compte tenu du but avoué (augmenter la couverture vaccinale du personnel), tailler dans le salaire des employés est totalement disproportionné. Tout d'abord, les salaires des personnels de santé sont loin d'être mirobolants et l'impact financier n'est pas négligeable. Ensuite, être pénalisé-e individuellement pour une problématique nationale (mondiale !) qui dépasse largement la seule branche de la santé n'est pas défendable. Enfin, le taux de vaccination du personnel de santé n'est pas inférieur à celui de la population et le taux d'infection du personnel de santé n'est pas supérieur, compte tenu notamment de la plus grande exposition au virus.

Mesure stigmatisante et discriminatoire

Cette mesure contribue à stigmatiser une partie du personnel (les non-vaccinés), à créer des catégories et radicaliser les positions autour de la vaccination. Et que dire des employés qui ne peuvent pas, pour des raisons médicales légitimes se faire vacciner. Seront-ils pénalisés injustement ?

Mesure injuste

L'employeur a l'obligation légale de protéger la santé de son personnel, notamment par la mise à disposition du matériel de protection adéquat et en nombre suffisant et par l'information et la formation. Or, une étude récente de l'OFSP montre que (lors des deux premières vagues) le matériel manquait dans les EMS du pays et la formation du personnel était jugée insuffisante. Les institutions ont par ailleurs la responsabilité de prévoir des dotations adaptées. Or, celles-ci (déjà bien avant la pandémie) sont clairement insuffisantes.

Mesure indigne

Vis-à-vis du travail fourni et des risques encourus par le personnel de santé depuis le début de la pandémie, c'est une étrange manière de lui exprimer sa reconnaissance. En outre, le personnel soignant diplômé affiche un professionnalisme à toute épreuve et sait mieux que quiconque comment se protéger et protéger les autres. Avec de telles mesures, les soignant-e-s peuvent légitimement se sentir pris pour des incompétent-e-s.

Mesure juridiquement discutable

Une telle mesure contraignante a un arrière-goût d'obligation indirecte à se faire vacciner. Or l'obligation de la vaccination est questionnable sous l'angle de la proportionnalité entre une intervention dans l'intégrité corporelle ainsi qu'une atteinte à l'autodétermination et les bénéfices pour l'ensemble de la population.

Conséquences négatives pour les institutions 

Aligner le salaire sur les APG, en cas de quarantaine, pourrait inciter certains employés à ne pas informer leurs employeurs qu'ils sont cas contact. Cela aurait clairement un effet contre-productif. Par ailleurs, à plus long terme, ce type de mesures perçues comme négatives pourrait pousser nombre de soignantes, dont on exige toujours plus tout en les valorisant toujours moins, à quitter la profession et accroître ainsi encore plus la pénurie chronique de main d'œuvre dans la santé.

Syna recommande la vaccination

Syna soutient la campagne de vaccination de l'OFSP et recommande à ses membres et aux travailleuses et travailleurs de se faire vacciner. Il en va de la santé individuelle et de la santé publique mais également de l'emploi et du revenu. Par contre, Syna est opposé à l'obligation vaccinale (ou à toute forme de contrainte directe ou indirecte). Au motif, notamment, qu'il n'est actuellement pas scientifiquement prouvé que les personnes vaccinées ne peuvent plus transmettre le virus. En l'état, le respect des mesures de protection et l'extension des mesures de dépistage s'avèrent plus efficaces que la vaccination obligatoire.

Pour les mêmes motifs, Syna considère acceptables, en l'état, les tests obligatoires que certaines autorités et établissements envisagent d'instaurer. Cependant leur mise en œuvre devra être analysée avec vigilance car elle soulève des questions du point de vue de la protection des données et de l'égalité de traitement.

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