Par Guido Schluep le 25.10.2021
Catégorie: Branches

Salaires décisifs pour l’avenir de la branche

Samedi 30 octobre, les travailleurs et travailleuses du bâtiment se rassembleront pour des manifestations de protestation dans plusieurs villes suisses. Ils en ont assez d'être dupés chaque année lors des négociations salariales, avec les mêmes excuses.

«Préserver l'emploi est une priorité absolue. Augmenter vos salaires maintenant mettrait vos emplois en péril!» La Société suisse des entrepreneurs (SSE) tente régulièrement d'intimider le personnel ouvrier par ses menaces. Mais cet argument est-il correct? Et les salaires sont-ils vraiment si élevés qu'il n'y a aucune possibilité d'amélioration?
Le personnel du secteur de la construction en Suisse gagne en moyenne environ 6400 francs par mois (13e salaire inclus). Est-ce un salaire adéquat pour un travail pénible et, au fil des ans, dangereux pour la santé? Et suffisamment attrayant pour contrer la pénurie imminente de main d'œuvre qualifiée? On le sait: la branche manquera d'environ 20 000 personnes qualifiées au cours des prochaines années. Une évolution particulièrement nette dans la maçonnerie où, au cours des 10 dernières années, le nombre d'apprentis et apprenties a diminué de moitié. Cet exemple d'une branche florissante dont les carnets de commande sont pleins et qui manque de main d'œuvre qualifiée balaie la fable des emplois menacés.
Rendre la branche plus attrayante
Le patronat tente de contrer cette tendance baissière à sa manière: avec son «Masterplan 2023», il prévoit de moderniser la formation, afin de renforcer l'attrait et la diversité des profils d'emploi et des possibilités de carrière dans la branche.
Syna réclame depuis longtemps une révision de la formation de base de la branche. Nous sommes toutefois également convaincus qu'il faut en faire plus. Une meilleure conciliation entre vie professionnelle et famille – notamment par un congé de paternité adéquat – augmenterait l'attrait de la profession. Des temps de récupération plus longs dans les phases de construction les plus denses contribueraient pour leur part à une meilleure sécurité au travail. Enfin, une répartition plus large des responsabilités des cadres permettrait d'améliorer les conditions de travail de manière générale.
Des salaires plus élevés sont nécessaires

Mais toutes ces mesures ne sont pas suffisantes pour éviter la pénurie de main d'œuvre qualifiée dans la branche. Et lorsqu'une branche forme trop peu de personnel qualifié, elle doit se demander si les salaires sont suffisants. On peut tourner la question dans tous les sens: tant que les entreprises refuseront d'associer la question des salaires à celle de la pénurie de personnel qualifié, elles ne se sortiront pas de leur situation difficile.

Négociations CN imminentes
Le personnel de la construction pour sa part ne se laisse plus intimider par le patronat: lors des rassemblements de protestation du 30 octobre, il descendra dans la rue avec les syndicats pour réclamer des salaires plus élevés et de meilleures conditions de travail. En effet, les enjeux vont bien au-delà des simples ajustements à court terme: les négociations pour la nouvelle convention nationale (CN) dans le secteur principal de la construction débuteront en 2022.
Pour s'y préparer, Syna a interrogé des ouvrières et ouvriers du bâtiment sur leurs conditions de travail. Nous avons voulu savoir quelles améliorations sont nécessaires dans la nouvelle CN afin de renforcer l'attractivité de la branche. Les résultats de l'enquête seront publiés lors de la prochaine conférence de branche du 20 novembre.

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