Par Syna le 2.7.2018
Catégorie: Politique

Salaires des managers: pas d'amélioration en vue!

Travail.Suisse a publié sa 14e étude sur les salaires des managers. Les résultats sont désolants.

5 ans après l'acceptation de l'initiative contre les rémunérations abusives, on ne constate aucun effet mesurable.
Au contraire: les salaires exorbitants ont encore augmenté, alors que la pression sur les salaires, l'insécurité et la crainte de perdre son emploi se renforcent pour les bas salaires.

Plus de 5000 francs par jour

Au moins 2 millions de francs par année, soit 5480 francs par jour, telle est la rémunération engrangée par 110 managers de 26 entreprises différentes en 2017. Et 27 d'entre eux ont même gagné plus de 100 fois plus que les travailleurs les moins bien rémunérés de l'entreprise.
Champion en la matière: le patron d'UBS Sergio Ermotti. Avec 38 904 francs par jour, il a gagné 273 fois plus que son employé le moins bien payé.

Les écarts de salaire se creusent

La 14e étude dédiée aux salaires des managers a une nouvelle fois montré l'absence totale d'améliorations. Les salaires des membres de la direction ont continué d'augmenter dans la majorité des entreprises sondées.
Depuis 2011, ils ont ainsi augmenté de 16%, une hausse dont les travailleurs normaux ne peuvent que rêver. Comme le montre le graphique, leur salaire n'a augmenté que de 3,8% en moyenne depuis 2011.

Le rapport entre les salaires des patrons et les salaires les plus bas s'est donc encore plus déséquilibré. En moyenne, l'écart des salaires en 2011 correspondait à un facteur de 1:45. Il a atteint 1:49 en 2017.
Au cours des 6 dernières années, le salaire moyen par manager a ainsi augmenté de 220 000 francs. Cette évolution est une réalité dans les banques et l'industrie pharmaceutique, mais aussi dans les assurances, le commerce de détail et l'industrie.

La mise en œuvre manque de mordant

Dans le cadre de la révision du droit des sociétés anonymes, le Conseil national est passé à côté d'une chance de renforcer l'application de l'initiative contre les rémunérations abusives.
En effet, celle-ci visait à accroître la transparence et à limiter les salaires excessifs et les rémunérations douteuses. À ce jour, son application ne répond toutefois pas à la volonté exprimée par le peuple. En effet, les managers perçoivent toujours des millions avant même d'avoir mis un pied dans leur entreprise.
Certes, les actionnaires – les propriétaires des entreprises – peuvent désormais voter sur les bonus des managers. Néanmoins, la plupart des entreprises réalisent ce vote par anticipation. Cela signifie que les actionnaires approuvent les bonus avant de connaître la performance de l'entreprise et celle de sa direction.

Seulement 7% de femmes

Toujours dans le cadre de la révision du droit des sociétés anonymes, le Conseil national s'est prononcé en faveur de valeurs indicatives pour la représentation des sexes aux échelons de direction et dans les conseils d'administration. Cette mesure vise à lutter contre la sous-représentation des femmes dans le management supérieur.
Il est en effet de notoriété publique que l'étage des chefs est le plus souvent réservé aux hommes. Ainsi, dans les entreprises analysées, les organes de direction comprenaient seulement 16 femmes sur 215 personnes, soit un taux ridiculement bas de 7%. Concrètement: au niveau directionnel, seule 1 personne sur 14 est une femme. En comparaison internationale, ce taux est très faible. C'est pourquoi l'instauration de valeurs indicatives est un pas dans la bonne direction.

Plus d'informations sur l'étude: travailsuisse.ch

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