Par Marco Geu le 13.1.2020
Catégorie: Branches

Commerce de détail: la situation est pire qu’on le craignait

Les mutations structurelles dans le commerce de détail suisse se poursuivent inexorablement. Manor, un acteur majeur du secteur, se voit contraint de procéder à des restructurations radicales, qui laissent des collaborateurs et collaboratrices sur le carreau.

La pression s'accroît depuis longtemps sur le secteur des grands magasins. Après Migros, qui veut vendre Globus – une opération au succès est incertain – Manor doit lui aussi employer les grands moyens s'il veut parvenir à se maintenir sur le marché, comme cela a été révélé par la presse vendredi. Et il est à craindre que de nombreux grands magasins doivent suivre leur exemple.

Le personnel passe à la trappe

Bien qu'il soit évident pour la grande majorité des acteurs de la branche que les mutations structurelles dans le commerce de détail non alimentaire continueront de détruire toujours davantage d'emplois, nombreux sont les employeurs qui refusent de reconnaître la nature du changement. Plus ça va, et plus ils tendent à réduire leur personnel à des «ressources humaines», ou plutôt à de simples ressources, auxquelles on fait appel, puis dont on se débarrasse selon le besoin.
Pourtant, derrière chaque perte d'emploi, il y a une personne, une famille, des existences. Et plus les employé-e-s se sentent réduit-e-s à l'état de ressource utilitaire, plus ils perdent confiance dans le système.

Permettre aux collaborateurs et collaboratrices de changer de voie

Si la branche veut conserver une once de dignité, elle doit agir sans attendre: il serait grand temps que les collaboratrices et collaborateurs affecté-e-s par les mutations structurelles reçoivent des formations initiales ou continues leur permettant de changer de métier, et qu'on les laisse ensuite s'engager dans une nouvelle voie.
Mais la pratique actuellement en vigueur consiste au contraire à laisser l'État prendre en charge les collaborateurs et collaboratrices devenu-e-s superflu-e-s et à profiter du grand nombre de chômeurs et chômeuses pour maintenir les salaires bas dans la branche. Cette attitude irresponsable témoigne d'une arrogante insolence. Ce qu'il faut à ces collaborateurs et collaboratrices, ce n'est pas recevoir une assistance de l'État, c'est se voir ouvrir de nouvelles perspectives réalistes!

Une CCT pour s'attaquer au problème

Depuis des années, Syna demande une convention collective de travail (CCT) uniforme à l'échelle nationale pour le commerce de détail suisse. Cette convention permettrait de gérer la mutation en cours de manière proactive et dans dommages collatéraux inutiles. Pourtant, la branche s'entête dans son refus de coopérer, avec des conséquences dramatiques pour les employé-e-s. Nous exhortons les employeurs à changer enfin d'attitude et à adhérer à l'idée d'une CCT nationale pour le commerce de détail suisse. Il n'est pas trop tard.

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