Par Marco Geu le 19.2.2020
Catégorie: Branches

Stratégie santé 2030 Verdict: insuffisant

L'Office fédéral de la santé a récemment publié la nouvelle stratégie santé de la Confédération jusqu'en 2030. Il y est beaucoup question de digitalisation et d'évolution démographique. Quant aux plus importants acteurs de la santé – le personnel de soins et d'assistance – c'est à peine si le sujet est abordé.

Dans son rapport, le Conseil fédéral insiste tout d'abord sur l'importance économique du secteur de la santé. De sa fonction originelle de service public, il semble ne pas rester grand-chose. Ainsi, c'est à présent jusqu'au gouvernement qui considère que le secteur de la santé est un secteur de l'économie parmi d'autres, qui se mesure à l'aune des seuls critères économiques. Avec des conséquences désastreuses pour les payeurs de primes, les patients et le personnel de soins.

Le personnel soignant, un détail accessoire …

Il n'est question du personnel soignant que dans un seul des 8 objectifs stratégiques définis: «La Confédération, les cantons, les assureurs et les acteurs impliqués dans les soins de longue durée veillent à ce que les personnes âgées nécessitant des soins bénéficient d'une prise en charge suffisante et assurée à l'endroit approprié par du personnel bien qualifié».

Le Conseil fédéral est certes conscient que pour des soins et une assistance de qualité il faut surtout du bon personnel. Mais il ne propose aucune mesure efficace en ce sens.
Des «capacités de formation correspondant aux besoins» devraient suffire à motiver le personnel soignant à s'engager dans les soins de longue durée et à y rester plus longtemps. Cela revient à aborder le problème de la forte pénurie de personnel qui sévit dans l'ensemble du secteur de la santé en débauchant pour un domaine spécifique des employés d'autres domaines de la santé… qui manquent eux-mêmes de personnel.

Et l'on continue de presser le citron

​Suivant l'exemple du secteur privé, le Conseil fédéral propose, «pour contribuer à maîtriser les coûts», «d'assurer une organisation plus efficace des processus de soins de longue durée et de recourir au personnel de santé de façon plus ciblée […]». Le gouvernement n'a donc pas trouvé meilleure stratégie que de presser encore davantage un citron déjà fort malmené.
Or les professionnels de la santé sont déjà au bout du rouleau. Beaucoup d'entre eux, frustrés, quittent une branche qu'ils avaient choisie par conviction et avec motivation, parce qu'ils n'en peuvent tout simplement plus. Exiger encore plus du personnel est utopique. Celui-ci finira par mettre les pieds au mur ou tourner les talons, et ce ne sera que justice.

Il faut de vraies mesures pour le personnel
Le secteur de la santé suisse n'a pas besoin de plus de rentabilité, mais d'un changement de cap. Un service de la santé de qualité fait partie intégrante du service public et a besoin de la participation des pouvoirs publics. Le personnel doit pouvoir effectuer son travail si important, qui sauve des vies, dans les meilleures conditions possible. Il faut impérativement améliorer les conditions de travail du personnel soignant si l'on veut éviter que le système de santé suisse ne s'effondre bientôt.

Syna dans le secteur de la santé
Syna est partenaire social de presque toutes les conventions collectives de travail du secteur de la santé suisse. Nous nous engageons pour que dans les hôpitaux, dans les EMS et les soins à domiciles, le personnel de soins et d'accompagnement bénéficie de conditions de travail les meilleures possibles.

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