Par Syna le 6.9.2018
Catégorie: Politique

Une chance que tous se montrent si flexibles…

Un horaire de travail flexible, travailler où et quand on le souhaite: voilà qui, au premier abord, peut sembler la panacée. Cependant, cela peut vite devenir un fardeau pour les salarié-e-s, comme en témoignent deux exemples.

Sandra, 34 ans, et Michael, 36 ans

Sandra et Michael ont tous deux un emploi – et c'est heureux, parce que deux enfants et une petite maison, c'est loin d'être donné. Grâces aux horaires flexibles, le couple parvient fort bien à concilier famille et travail. La journée de travail de Sandra, responsable d'équipe dans les soins, débute à 10 heures, ce qui lui laisse le temps d'amener les enfants à la crèche.

À cette heure, Michel est depuis longtemps au travail. Sa journée commence tôt, parce qu'en ce moment, il y a énormément à faire. En revanche, il a du temps pour les enfants l'après-midi: il va les chercher à la crèche, fait le ménage et cuisine le repas du soir pour les enfants et lui. Sandra mangera plus tard, lorsqu'elle rentrera, vers 21 heures, heure à laquelle les enfants seront déjà couchés.

Michel est soulagé que la répartition des tâches liées aux enfants et au ménage fonctionne si bien. Il faut reconnaître qu'en semaine, le couple se voit peut, mais la flexibilité est à ce prix.

Et puis, il y a les week-ends.
Bien que ces derniers temps… ceux-ci se fassent rares. Parce que Sandra doit effectuer toujours davantage de remplacements le week-end, en raison du manque de personnel dans l'EMS qui l'emploie. En tant que responsable d'équipe, c'est à elle de montrer l'exemple. Et elle a fort à faire pour défendre son début de travail à 10 heures. Peut-être Michel pourrait-il à l'occasion…? Mais non, aucune chance. Son employeur a été catégorique: «Pas question, dans ton service, nous ne pouvons pas nous permettre d'engager plus de personnel, nous avons donc besoin de chaque minute de ton temps de travail!»

Et il semble que la charge de travail doive encore augmenter: son supérieur hiérarchique a déjà prévenu Michel qu'au cours des prochaines semaines, il pourrait bien y avoir quelques journées de 12 heures.
Mais qui s'occupera alors des enfants…?

Daniela, 29 ans

Daniela est contente de son nouvel emploi: dans l'entreprise de commerce de gros où elle travaille en tant qu'assistante de direction, on fait preuve de compréhension pour sa situation de mère célibataire. Cela ne pose donc pas de problème lorsqu'il lui arrive de commencer plus tard le matin parce qu'amener les enfants à la crèche a pris plus de temps qu'à l'ordinaire.

«Nous avons des horaires de travail flexibles», lui a-t-on annoncé lors de l'entretien d'embauche, «ce qui nous permet d'arranger nos collaborateurs qui ont une famille.» Cela plaît à Daniela, qui ne rechigne pas à vérifier de temps à autres ses e-mails ou à rédiger un procès-verbal urgent le soir. Après tout, les enfants sont au lit à 8 heures au plus tard, ce qui la rend libre de répondre à tous les e-mails de son chef ensuite.

«Exceptionnellement seulement», lui a dit son chef, lorsqu'il lui a demandé si elle pouvait envisager d'effectuer le soir quelque tâche urgente. Ces derniers temps cependant, les exceptions sont devenues la règle: il y a vraiment beaucoup à faire et, après tout, son chef travaille lui aussi 7 jours par semaine.

Aujourd'hui justement, Sandra a encore beaucoup de travail qui l'attend – mais aujourd'hui justement, les enfants pleurnichent particulièrement longtemps. Le petit Simon crie toujours, et il a le front brûlant. Aurait-il de la fièvre ? Ça tombe vraiment mal, parce qu'il y a cette séance importante demain matin, pour laquelle le chef de Daniela a absolument besoin de ces documents…

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