Par Syna le 12.10.2018
Catégorie: Travail

Une pression toujours plus forte

​Travail.Suisse a cette année encore sondé les salarié-e-s dans son «Baromètre Conditions de travail»: le stress, les opportunités faiblissantes sur le marché du travail et l'assouplissement unilatéral des horaires sont sources d'inquiétude.

Un bon travail est un travail tourné vers l'avenir. Il protège la santé, est motivant et garant d'une certaine sécurité. Depuis 4 ans, le «Baromètre Conditions de travail» de Travail.Suisse passe au crible la qualité des conditions de travail en Suisse. L'étude soutient et complète les observations que nos secrétariats régionaux font dans le cadre de leurs contacts quotidiens avec nos membres.

Stress croissant au travail

L'indicateur le plus mauvais de cette dernière édition de l'étude concerne le stress et les risques psycho-sociaux: 40% des employé-e-s se sentent souvent ou très souvent stressé-e-s au travail. La part des employé-e-s rapportant être constamment sous stress a nettement augmenté.
Conséquence logique, ces personnes sont très exposées à des problèmes de santé comme le burn-out ou syndrome d'épuisement professionnel. Outre une grande souffrance pour les personnes touchées et leurs proches, le stress coûte également cher à l'économie.

Moins d'opportunités

Les opportunités qu'offre le marché du travail sont un autre motif d'inquiétude.
En effet, même si seule une minorité craint une perte imminente de son emploi, les perspectives à moyen terme et la mobilité professionnelle individuelle (possibilités et capacités à changer d'emploi) sont relativement sombres. Ces deux aspects sont jugés négativement: plus d'un-e salarié-e sur quatre estime qu'il est possible, voire fortement probable, qu'il/elle perde son emploi au cours de la prochaine décennie en raison de la digitalisation. Et une majorité des salarié-e-s estime qu'elle ne retrouvera pas un poste comparable avec un salaire similaire.
Phénomène particulièrement alarmant: les salarié-e-s sont toujours plus nombreux à ne plus voir d'opportunités pour eux-mêmes sur le marché du travail, alors que dans le même temps, la proportion de ceux qui ont de très bonnes opportunités ne cesse de se réduire (voir graphique 1).

Graphique 1: Chute de la mobilité professionelle 2015 2018

Dans ce contexte, le concept d'un marché du travail libéral et flexible en Suisse doit également être fondamentalement remis en question.
Jusqu'à présent, les bonnes possibilités sur le marché du travail et une assurance-chômage solide ont permis de compenser la faible réglementation et le manque de restrictions en matière d'embauche et de licenciement. Cependant, si la mobilité des employé-e-s se détériore, l'équation ne fonctionne plus. L'exemple des salarié-e-s âgé-e-s, dont la situation devient de plus en plus problématique, illustre bien ce phénomène.

Formation continue

La formation permet de maintenir ses chances sur le marché du travail et de se préparer à des changements de carrière. Cependant, la formation continue est généralement coûteuse et prend du temps, raison pour laquelle les employeurs sont appelés à soutenir leurs employé-e-s dans ce processus.
Mais c'est là que le bât blesse, comme le montre le «Baromètre Conditions de travail»: en matière de formation continue, près de la moitié des salarié-e-s ne sont pas ou seulement insuffisamment soutenu-e-s.

Flexibilité unilatérale

La durée et les horaires de travail sont un autre point critique: les employé-e-s ont de moins en moins d'influence sur la façon dont ils/elles organisent leur temps de travail. Au cours des 4 dernières années, la proportion de ceux qui ont une très grande influence sur leur organisation est passée de 29% à 24,5%, tandis que la proportion de ceux qui n'en ont aucune est passée de 13,1% à 17,8%.

Mais ce n'est pas tout, les employeurs veulent aller encore plus loin: non seulement ils s'attaquent constamment à l'enregistrement du temps de travail, mais ils veulent également assouplir les règles et les restrictions régissant la durée maximale du travail journalier ou hebdomadaire. Ils souhaitent ainsi optimiser les horaires de leurs employé-e-s pour les adapter à leurs carnets de commande.
Le «Baromètre Conditions de travail» montre clairement que la flexibilisation du temps de travail est trop souvent unilatérale en faveur des employeurs. À l'inverse, une flexibilisation qui s'adapte aux besoins des employé-e-s fait figure d'exception.
Ainsi, seul un-e employé-e sur deux peut prendre un jour de congé spontanément, et moins de la moitié des salarié-e-s peuvent déterminer eux-mêmes le début ou la fin de leurs heures de travail, par exemple pour s'impliquer dans une association. Enfin, réduire la charge de travail pendant quelques semaines pour s'occuper d'un parent malade, par exemple, n'est possible que pour environ un quart des employé-e-s (voir graphique 2).

Graphique 2: Peu de flexibilité en faveur des employé-e-s

Le Baromètre Conditions de travail interactif

Plus d'informations

Le «Baromètre Conditions de travail» est un projet conjoint de Travail.Suisse et de la Haute école bernoise BFH.

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