Par Syna le 12.11.2019
Catégorie: Travail

Moins sain, moins motivant

Le «Baromètre Conditions de travail» met en lumière les principales évolutions des conditions de travail. Au-delà d'un stress en augmentation, la formation est au centre de l'attention: les patrons ne soutiennent pas assez l'apprentissage tout au long de la vie et la formation continue.

Le travail est de qualité s'il est durable: s'il protège la santé, offre une certaine sécurité et préserve la motivation. Ces principes sous-tendent le «Baromètre Conditions de travail». Ce projet, fruit d'une collaboration entre Travail.Suisse et la Haute école spécialisée de Berne, mesure donc depuis 5 ans les conditions de travail en Suisse au moyen d'une enquête représentative qui prend en compte 3 dimensions:

1. Santé: stress persistant

Le stress constitue l'aspect le plus sévèrement évalué par les travailleurs-euses. Près de 3 employé-e-s sur 4 se sentent souvent ou très souvent stressés au travail, seulement 7% ne le sont jamais. Un lien avec le nombre élevé et croissant d'heures supplémentaires effectuées est plausible.
Les employé-e-s ne bénéficient pas de la flexibilisation des horaires. Au contraire: ils ont toujours moins leur mot à dire sur leur emploi du temps. Cet élément était d'ailleurs déjà ressorti du baromètre de l'année dernière. Les initiatives politiques actuelles visant à libéraliser davantage le temps de travail (lire l'article) ne vont pas dans le bon sens ...
Les résultats montrent en outre que la conciliation entre travail et vie privée souffre de l'assouplissement des horaires de travail: ainsi, la proportion d'employé-e-s ayant signalé des problèmes dans ce domaine a considérablement augmenté depuis 2015.

2. Sécurité: où sont les perspectives d'avenir?

La satisfaction à l'égard du revenu a elle-aussi connu une nette détérioration, reflet de la stagnation des salaires de ces dernières années. Une vision plus négative des employé-e-s de leurs perspectives à court terme traduit pour sa part souvent un affaiblissement de la conjoncture: la crainte de perdre son emploi reste un sujet d'actualité.

Toutefois, même si la tendance reste stable depuis quelques années, les salarié-e-s s'inquiètent surtout de leurs perspectives à moyen terme: plus de la moitié ne croient pas, ou peu, en leurs chances de retrouver un poste similaire s'ils perdent leur emploi. C'est remarquable, et cela soulève des questions fondamentales sur le marché du travail très libéral en Suisse.

3. Motivation: peu de possibilités de développement
Les bonnes nouvelles d'abord: le travail reste porteur de sens, et les salarié-e-s estiment que la reconnaissance obtenue est satisfaisante. Les employé-e-s s'identifient fortement à leur travail et aux produits et services de leur employeur.
Le manque de possibilités de développement est en revanche déploré: les employé-e-s sont toujours plus nombreux à estimer qu'ils ne bénéficient pas d'un soutien suffisant pour leur formation continue. Environ 40% des employé-e-s peuvent décompter la totalité de leur temps et obtenir le remboursement de leurs frais. À l'inverse, un peu moins d'un quart doivent se débrouiller soit sans soutien, soit avec un soutien très partiel de leur employeur.

Les différences entre les sexes sont également frappantes: alors que chez la plupart des hommes, les coûts sont pris en charge, la majorité des femmes ne reçoivent aucune aide financière de leur employeur, ou seulement une aide financière partielle. En outre: une personne employée sur trois n'a suivi aucune formation continue l'année dernière. Un tiers attribue ce fait au manque de soutien de son employeur, et un quart fournit des raisons financières ou liées au manque de temps.-> Tous les détails de l'étude: syna.ch/barometre

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