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RA: «Développer plutôt que démolir!»

Werner Rindlisbacher, maçon et responsable du secteur construction chez Syna jusqu'en 2015 a participé activement aux négociations entourant la retraite anticipée (RA). Il nous explique pourquoi il s'engagerait à nouveau pour la RA.

Rétrospectivement, quel a été le principal facteur de succès de la RA?

Les actions de lutte ont été un élément important. Toutefois, c'est la pertinence du modèle, pour les patrons également, qui a été décisive. En effet, ils savaient parfaitement que le modèle était finançable et donnait une bonne image à la branche. Malgré bien des différends, ce modèle a été conçu en partenariat, selon la tradition qui prévaut dans la construction. C'est pourquoi il a été unanimement accepté et a pu être mis en œuvre rapidement.

Pourquoi t'engagerais-tu à nouveau pour la RA?

Quand on voit la joie des travailleurs qui peuvent partir en retraite à 60 ans après 40 ans sur les chantiers, on comprend ce que représente la RA. Les sacrifices financiers à consentir en valent clairement la peine. Sinon, le risque d'atteindre l'âge normal de la retraite en tant que rentier AI, voire de ne jamais y arriver, est bien réel.

Les patrons ont toujours un discours pessimiste. Mais j'en appelle à leur sens de l'honneur: ils connaissent bien leur domaine et savent à quel point le travail y est pénible. Pensez à vos collaborateurs, et à l'attractivité de votre branche!

Pourquoi la RA est-elle aussi nécessaire pour les jeunes, qui n'ont peut-être pas l'intention de rester sur les chantiers jusqu'à 60 ans?

On ne sait jamais combien de temps on va rester sur les chantiers. Certains se perfectionnent, d'autres deviennent contremaître et restent dans la branche.

Les salaires sur les chantiers sont bons, la CCT l'est également, et il y a la RA. Par rapport à d'autres branches, la construction est attractive.
Mais nous devons continuer à nous engager pour conserver ces acquis. Nous sommes des ouvriers de la construction. Nous construisons, nous ne démolissons pas!

L'histoire de la RA

Anton Salzmann, alors président de la Fédération chrétienne des travailleurs de la construction (FCTC) qui a précédé Syna, a été le premier à lancer l'idée d'une retraite anticipée sur les chantiers. Ses efforts ont débouché sur une déclaration d'intention des employeurs et sur plusieurs années de négociations.
En effet, le patronat ne souhaitait pas être le premier à accorder cette faveur aux travailleurs.
Un premier modèle, facultatif, ne suscita que peu d'enthousiasme.

Importance vitale

Une étude de l'inspection du travail genevoise de l'an 2000 a montré que la retraite anticipée n'est pas seulement une question de confort, mais aussi de survie. En effet, elle a révélé que le risque de décès des ouvriers de 45 à 65 ans était trois fois, et leur risque d'invalidité sept fois, plus élevé que celui des enseignants, architectes ou chercheurs.
En outre, 40% des ouvriers étaient devenus invalides avant d'atteindre 65 ans. Cette étude a contribué à sensibiliser l'opinion publique au problème.

La RA devient prioritaire

La demande d'une retraite anticipée à part entière est par la suite devenue un élément central du renouvellement de la convention nationale de la construction (CN) 2000–2003. Il existait même une volonté de renoncer à des adaptations de salaire au profit d'une RA solide.
Au printemps 2002, les employeurs ont approuvé les piliers de la RA telle qu'on la connaît aujourd'hui. En juin déjà, ils ont toutefois tenté de supprimer la RA et la CN.
Un automne agité succéda alors à cette rupture de contrat, avec plusieurs grèves, à Genève et au Tessin, mais aussi dans des régions où ce moyen d'action n'avait que peu de tradition. Le blocage du tunnel du Baregg en novembre 2002 reste l'un des symboles de ce mouvement. En effet, il permit de ramener les patrons à la table des négociations et contribua à imposer la RA.

Et aujourd'hui?

Depuis juillet 2003, 18 000 ouvriers de la construction ont pu bénéficier d'une retraite digne. D'autres modèles de retraite anticipée, comme la fondation RESOR dans le second-œuvre en Suisse romande, démontrent la pertinence de la RA.


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