«Ensemble pour une économie équitable qui profite à toutes et à tous!»
Nous avons rencontré Yvonne Feri, présidente du syndicat Syna, lors de la grande manifestation salariale à Berne. Ce fut l'occasion de parler des revendications salariales 2024 et de revenir sur sa première année chez Syna.
Quelle ambiance ici a Berne, ou pres de 15 000 personnes participent la grande manifestation sur les salaires! Que ressens-tu?
C'est impressionnant! Cette foule, cette énergie palpable… c'est formidable. Je suis heureuse et fière de voir toutes ces personnes s'engager pour des salaires équitables et pour que les travailleuses et travailleurs bénéficient eux aussi de la création de valeur, fruit de leur labeur. Lorsque tant de personnes descendent dans la rue pour défendre les mêmes valeurs et les mêmes objectifs, il en résulte un sentiment d'appartenance incomparable. Cela nous donne encore plus d'énergie pour défendre les revendications des salariés et salariées.
≪Plus de salaire pour mon travail!≫, revendique le slogan de la manif. Dans quelle fourchette se situent les revendications salariales de cette annee?
Bien que l'économie suisse soit en plein essor, les salaires réels ont baissé au cours des trois dernières années. C'est inadmissible. Les gens fournissent un travail remarquable, qui mérite une rémunération adéquate. Nous sommes conscients que la situation diffère selon les branches, et c'est pourquoi nos revendications salariales varient d'un secteur à l'autre. Mais une chose est sûre partout: la compensation du renchérissement doit être garantie. C'est une nécessité, face à l'augmentation constante du coût de la vie: il est inacceptable que de nombreux travailleurs aient de moins en moins d'argent à la fin du mois. Nos revendications salariales se situent entre 2 et 5 pour cent. C'est faisable et nécessaire.
L'ambiance semble tendue ces derniers temps entre employeurs et travailleurs. Les patrons sont-ils prets a acceder aux revendications salariales des syndicats?
La situation est complexe et ne peut pas être résumée en un mot. Dans certaines branches, les négociations sont très constructives. C'est le cas par exemple dans la coiffure, où nous avons conclu une nouvelle convention collective de travail après d'intenses négociations, ce qui garantit au personnel une augmentation de jusqu'à 20 pour cent ces prochaines années. Cet exemple montre qu'un partenariat social d'égal à égal est possible et qu'on peut obtenir de vraies améliorations. Mais il y a aussi des négociations difficiles, comme dans le secteur principal de la construction. La Société suisse des entrepreneurs remet en question notre procédure de remboursement pourtant approuvée par le Seco et veut y lier d'éventuelles augmentations de salaire. Impossible dans ces conditions de mener des négociations salariales en partenariat social. L'attitude de la Société suisse des entrepreneurs complique aussi considérablement les renégociations de la convention nationale. C'est frustrant et cela témoigne de la nécessité, pour nous syndicats, de redoubler d'efforts et de maintenir la pression. Dans d'autres branches, on constate toutefois des évolutions plus positives. Ainsi, dans le second oeuvre, les discussions sont certes ardues, mais les fronts sont loin d'être aussi figés que dans le secteur principal de la construction.
Les negociations salariales sont l'une des principales taches du syndicat, mais de loin pas la seule. Quelles sont les thematiques auxquelles tu t'es particulierement consacree durant ta premiere annee de presidence de Syna?
Ma première année a été extrêmement variée. Les affaires courantes sont plutôt du ressort de la direction et, en matière de négociations salariales, ce sont surtout les responsables de branches qui donnent le ton. Mon domaine est davantage lié à la stratégie et à la communication. En étroite collaboration avec le comité, je me suis consacrée à la réforme des structures internes de Syna et je travaille actuellement à la révision des statuts. Nous avons aussi intensifié la collaboration entre le comité et la direction, dans laquelle mon rôle est à la fois de faciliter la communication et de débattre. Le contact direct avec nos membres et nos collaborateurs a également été très important pour moi. Que ce soit lors d'actions nationales telles que la Journée internationale des droits des femmes et les manifestations du 1er mai ou lors de visites de sections dans les régions, l'échange personnel m'est essentiel pour comprendre les besoins et les préoccupations, et pour assumer mes responsabilités de présidente.
Si tu devais citer un point fort de ta premiere annee chez Syna, lequel serait-ce?
Le travail au sein du syndicat est tellement varié qu'il est difficile de n'en citer qu'un. Mais le dénominateur commun de tous ces moments forts, ce sont les rencontres avec les gens – comme aujourd'hui, à la manifestation pour les salaires. Ces expériences sont particulièrement précieuses pour moi, parce qu'elles mettent en évidence la forte cohésion de Syna et l'Engagement nos membres.
Pour finir, tournons-nous vers l'avenir: quel titre aimerais-tu lire dans le journal durant ta deuxieme annee de mandat?
«Les syndicats en plein essor – Syna prospère et enregistre une augmentation de 20 pour cent de l'effectif de ses membres!» Ce serait le signe que notre travail est reconnu et qu'il convainc toujours plus de monde. Avoir un plus grand nombre de membres, c'est avoir une voix qui porte plus loin et plus de possibilités de faire respecter les droits des travailleurs et travailleuses. Comme le dit notre slogan, «ensemble, nous sommes forts». Nous le prouvons une fois de plus aujourd'hui, ici à Berne.