L’égalité salariale. Maintenant!
En Suisse, les femmes gagnent en moyenne 7700 francs de moins par année que les hommes, pour un travail de valeur égale. La loi sur l'égalité, qui entrera en vigueur demain, ne suffira pas à sup-primer cette discrimination salariale. C'est la raison qui a motivé la création de la plateforme respect8-3.ch: après avoir procédé à une analyse de l'égalité de leurs salaires, les entreprises peuvent s'inscrire sur une liste blanche et s'affirmer ainsi en tant que précurseurs de l'égalité salariale. Lors de la conférence de presse d'aujourd'hui, Mandy Zeckra de Syna a su trouver les mots justes et a émis trois revendications.
«Les applaudissements et les paroles chaleureuses ne suffisent pas»
Mandy Zeckra
Les jeunes sont confronté-e-s à l'inégalité liée au genre dès le début de leur parcours professionnel: lorsqu'elles entament leur premier emploi après leur apprentissage, les femmes gagnent en moyenne 7% de moins que les hommes, bien qu'il ait été démontré que les exigences formelles sont équivalentes entre des branches réputées «typiquement masculines» ou «typiquement féminines» dans les secteurs de la construction et du tertiaire. Au cours de la vie professionnelle, cette disparité s'accroît pour atteindre 19%, avec ensuite de lourdes conséquences pour la retraite. Moins de revenu signifie aussi moins de formation continue, et cela crée tout au long de la vie professionnelle des contraintes économiques qui cimentent les rôles traditionnels des genres. Il n'est donc pas étonnant que dans le haut de l'échelle salariale on trouve 70% d'hommes, et en bas 65% de femmes.
Cette année, il y a eu une remarquable prise de conscience au sein de la population, avec une redéfinition des métiers «d'importance systémique»: soudain, le personnel soignant, la garde des enfants ou la vente dans le commerce de détail sont eux aussi devenus d'importance systémique. Et ce n'est que justice. «Et ce n'est que justice. Tous ces métiers sont principalement exercés par des femmes et se situent dans le secteur des bas salaires. Mais les applaudissements et les discours chaleureux ne suffisent pas».
Syna émet par conséquent trois revendications, qui sont au cœur de la lutte contre l'inégalité salariale structurelle.
1re revendication: revalorisation de groupes professionnels
En Suisse, les métiers où règnent les conditions de travail les plus précaires sont majoritairement exercés par des femmes. Dans le commerce de détail, la santé ou le travail d'aide, les salaires minimaux sont rares, le droit aux vacances est minimal pour des métiers physiquement et psychologiquement exigeants, et les contrôles des temps de travail sont rarement possibles.
Il faut impérativement augmenter les plus bas salaires de ces branches, ce qui implique une revalorisation fondamentale de ces groupes professionnels. C'est le seul moyen de mettre un terme à une répartition des salaires issue d'un mode de pensée patriarcal. Et c'est aussi une condition indispensable pour que, parallèlement à la reconnaissance financière, ces métiers accèdent à une reconnaissance sociale.