Un duo complémentaire
Depuis novembre dernier, Yvonne Feri et Johann Tscherrig président ensemble à la destinée de Syna. Yvonne Feri au niveau stratégique, en tant que présidente du syndicat, Johann Tscherrig au niveau opérationnel, en tant que président de la direction.
Je rencontre Yvonne Feri et Johann Tscherrig au bord de l'Aar à Olten, à mi-chemin entre la gare et le siège de Syna. Nous n'avons que peu de temps avant le train d'Yvonne et le prochain rendez-vous de Johann. Malgré leurs emplois du temps chargés, tous deux semblent détendus et de bonne humeur. Ce qui n'est pas dû uniquement au temps exceptionnellement doux et ensoleillé de ce début d'avril, comme ils le révèlent en évoquant les premiers mois de leur collaboration.
Yvonne: «J'aborde ma tâche dans un état d'esprit positif et encore fière de mon élection à la présidence de Syna. Mon optimisme se nourrit d'innombrables événements et rencontres, comme récemment lorsque j'ai été invitée à la section Argovie. Sentir les idées qui bouillonnent et l'énergie des membres me fait du bien.»
Johann: «Nous sommes heureux d'avoir Yvonne avec nous. En très peu de temps, elle a déjà fait souffler un vent de fraîcheur sur Syna. Elle nous apporte l'expérience de son mandat de politicienne, mais aussi de ses collaborations avec d'autres comités. Cela nous est précieux, parce que la révision des statuts de Syna a modifié notre organisation.»
Yvonne: «Exactement, c'est une période pleine de nouveautés, pas seulement pour moi, mais aussi pour Syna. Le comité et la direction sont désormais clairement séparés. Il nous faut bien sûr un peu de temps pour nous y habituer et trouver nos marques.»
Tous deux savent à l'évidence ce dont ils parlent. Mais j'ai besoin d'un exemple concret pour comprendre l'impact réel de cette séparation. Qu'est-ce qui a changé exactement?
Johann: «Cela peut sembler compliqué, mais c'est au fond très simple: avant la modification des statuts, la direction faisait aussi partie du comité. Il était par conséquent normal que les membres du comité s'impliquent activement dans les affaires opérationnelles et, inversement, que la direction participe aux décisions stratégiques. À présent, les membres du comité ne siègent qu'au comité et les membres de la direction qu'à la direction. Le comité définit l'orientation stratégique, tandis que la direction s'occupe des tâches opérationnelles.»
Yvonne: «Prenons un exemple fictif: si le comité définissait comme objectif stratégique une croissance de 20% du nombre de membres dans le secteur de la santé, la réalisation de cet objectif serait ensuite confiée à la direction, qui élaborerait un concept, puis le mettrait en œuvre. Le comité peut, dans une certaine mesure, influer sur la mise en œuvre, par exemple en orientant les décisions budgétaires, dont il assume la responsabilité globale. Mais en dernier lieu, ce sont bien les membres de la direction qui sont chargés de la réalisation effective, dans le cadre défini.»
Johann: «Cette séparation claire des pouvoirs a considérablement renforcé le comité. Celui-ci étant constitué de membres de la base, cela renforce aussi la voix des membres et par conséquent la démocratie chez Syna.»
Yvonne: «Bien que la distinction entre comité et direction soit désormais clairement établie, ces deux organes communiquent beaucoup. Le comité, par exemple, tient compte des rapports réguliers de la direction pour prendre ses décisions. De plus, Johann et moi nous rencontrons chaque semaine. Nous échangeons des conseils, mais en fin de compte, c'est lui qui, avec la direction, assume la responsabilité des décisions opérationnelles, tandis que j'assume un rôle de soutien en tant que sparring-partner de Johann et de liaison avec le comité.»
Voici la répartition des rôles clairement définie, tant sur le plan stratégique qu'opérationnel. Une autre question se pose à présent: quels sont les prochains objectifs?
Yvonne: «Les principaux jalons sont posés, mais il reste à établir les nouveaux processus internes. Introduire une nouvelle structure de direction après 25 ans n'est pas simple.»
Johann: «C'est justement dans l'optimisation des processus que l'expérience d'Yvonne dans le travail associatif prend toute sa valeur. Elle apporte non seulement son regard critique extérieur, mais également un excellent réseau de conseillers externes, auxquels nous faisons parfois appel lors des séances. De mon point de vue, cela a changé la manière dont nous discutons, en permettant une remise en question de différentes thématiques sans que les sentiments personnels y jouent un rôle prépondérant. Il n'y a plus de "Ça a toujours été comme ça et on a toujours fait comme ça".»
Yvonne (avec un sourire en coin): «Merci beaucoup pour ce compliment. Ta longue expérience aussi m'est très précieuse. Tu connais Syna sur le bout des doigts, ce qui nous a aidés, au comité, à mettre en place les nouveaux processus. Nous pouvons maintenant nous consacrer pleinement à la réalisation des revendications que nous avons adoptées l'an dernier, lors de notre congrès.»
Johann: «Le jour même de la fête du travail, nous avons lancé notre pétition pour que toutes et toutes aient congé le 1er mai. Ce sont les délégué-e-s qui ont demandé, lors de notre congrès Syna, que le 1er mai devienne un jour férié national. Les salariés et salariées travaillent toujours plus dur et méritent bien ce jour de congé supplémentaire.»
Yvonne: «Et ce n'est qu'un début. Un jour férié supplémentaire ou une journée pour revendiquer les droits des travailleurs est certes un premier pas, mais qui ne suffit pas à lui seul. Nous avons tant de revendications importantes à défendre. Pour ne prendre qu'un exemple, il est scandaleux que l'assurance indemnités journalières en cas de maladie ne soit pas obligatoire pour les employeurs.»
On sent qu'Yvonne Feri et Johann Tscherrig veulent faire bouger encore bien des choses avec Syna. Ce duo venu d'horizons différents a une mission commune: donner à Syna toujours davantage de poids en tant que partenaire social.
