Skip to main content

«Allez tirer votre lait à la cafét …»

En 2012, Myriam* donne naissance à son deuxième enfant. Après son congé maternité, elle souhaite continuer à allaiter. Elle prend contact avec sa hiérarchie pour convenir des modalités possibles. Des pressions intolérables s'en suivent. Témoignage.

Myriam* travaille en tant qu'infirmière dans un hôpital du nord-vaudois. Déjà maman d'un premier enfant qu'elle a pu allaiter durant plus d'une année sans que cela ne pose le moindre problème à son travail, c'est avec une entière confiance qu'elle contacte son employeur quelques semaines avant la fin de son congé maternité. Elle souhaite en effet organiser son retour avec la possibilité de pouvoir s'absenter pour tirer son lait dans un endroit adapté, sans que cela n'impacte son travail et ses collègues (voir ci-contre).
Première mauvaise surprise, sa responsable directe lui notifie qu'elle n'aura qu'à s'organiser elle-même avec ses collègues. Elle tente alors de prendre contact avec le service des ressources humaines (RH) pour clarifier la situation, mais ses appels restent sans réponse. Quand enfin elle parvient à joindre le responsable RH adjoint, elle reçoit des informations totalement erronées «Il m'a dit que je n'avais aucun droit au niveau de l'allaitement. Et puis il a ajouté avec ironie que je n'aurais qu'à aller à la cafétéria pour tirer mon lait».

Une procédure irrespectueuse et infantilisante 

Cependant, Myriam insiste. Elle est alors convoquée pour un entretien auquel assiste sa responsable directe, la responsable du service, le responsable et une assistante RH, où elle demande «des mesures adaptées». Elle apprend alors qu'elle aura accès à la chambre de l'infirmière-anesthésiste de garde. «Un endroit parfait pour tirer son lait en toute tranquillité», se rappelle Myriam. «Sauf qu'on m'a signifié que je devrai à chaque fois aller chercher, puis rendre la clé, systématiquement appeler ma responsable et trouver le moment opportun pour laisser ma collègue assumer seule. Et j'ai réalisé que je passerai devant le bureau de l'ICS à chaque pause allaitement. À mon retour au travail, j'ai appliqué cette procédure à la lettre. Bien sûr, elle fonctionnait, mais elle me donnait le sentiment d'être sans cesse contrôlée, surveillée, malmenée». «Heureusement», se rappelle-t-elle encore, «la plupart des infirmières-anesthésistes de garde me laissaient la clé pour la journée, m'affichant ainsi leur soutien».

Penser d'abord au patient 

Pendant les pauses-allaitement, bien qu'elle doive informer à chaque fois sa responsable, Myriam n'est pas remplacée. Comme elle travaille en salle de réveil, elle ne peut s'absenter que lorsque la charge de travail et l'état des patients le permettent. Certains jours, elle parvient à tirer son lait deux fois, d'autres jours une seule fois. Il lui arrive alors de tirer son lait à la fin de sa journée de travail, qui se termine alors vers 16h20 plutôt qu'à 16h00. «Plusieurs semaines après ma reprise, j'ai été convoquée par ma responsable. Elle m'a notifié que le temps d'allaitement pris en fin de journée était inacceptable et que toutes les minutes comptabilisées à ce titre depuis mon retour seraient purement et simplement supprimées».
Myriam n'accepte pas ce traitement injuste et non conforme à la loi. Elle fait appel à Syna. C'est Thierry Lambelet, responsable Syna Vaud, qui l'accompagne. Ensemble, ils démontrent que, parfois, Myriam ne peut interrompre son travail car la charge de travail ne lui permet pas, et que la pause prise en fin de journée est donc parfaitement justifiée et légale. Elle récupère alors toutes les minutes de travail injustement supprimées.
Myriam a ensuite pu continuer à tirer son lait au travail jusqu'au un an de son fils. Elle est fière «d'avoir tenu bon» pour respecter son choix légitime, malgré les nombreux obstacles. «Allaiter au-delà du congé maternité est un droit. Je témoigne aujourd'hui notamment parce que je voudrais que les femmes puissent opter pour un vrai choix, qu'elles puissent faire valoir leurs droits si besoin, mais aussi afin que les méthodes managériales évoluent vers des attitudes bienveillantes et soutenantes. En tant que mères, nous avons des droits et il est important que nous puissions les faire respecter».

*Prénom d'emprunt

Sur le même sujet:

Les cookies facilitent la fourniture de nos services. En utilisant notre site Web, vous acceptez l'utilisation de cookies.
Plus d'informations Refuser Ok