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Pas sans nous!

Le Conseil fédéral et le Parlement prévoient de mettre en œuvre l'initiative sur les soins infirmiers sans la participation du personnel de santé. La politique officielle suisse montre ainsi une fois de plus qu'elle n'a pas compris la gravité de la situation dans le secteur de la santé.

La Berne fédérale explique qu'habituellement, la mise en œuvre d'une initiative populaire se déroule sans la collaboration de ses promoteurs. À strictement parler, c'est vrai, car à partir du moment où une initiative populaire est acceptée par le peuple, le texte de l'initiative entre dans le domaine du droit constitutionnel. En Suisse, seuls les organes désignés à cet effet par la Constitution – à savoir le Parlement et le Conseil fédéral – sont compétents pour sa mise en œuvre. Le contexte de l'initiative sur les soins diffère toutefois de celui d'autres initiatives populaires, et le Conseil fédéral et le Parlement doivent en tenir compte.

Ce n'est pas une question d'égalité de traitement

L'article 117c, entré dans la Constitution fédérale avec l'initiative sur les soins, ne vise pas à améliorer par clientélisme la situation d'un groupe de travailleurs - le personnel de santé - au détriment d'autres. Or, selon le Conseil fédéral et une majorité du Parlement, c'est précisément de cela qu'il s'agissait pour les initiants, et ils ne sont par conséquent pas prêts à accorder des privilèges unilatéraux au personnel de santé. Une attitude qui correspond effectivement au principe étatique de l'égalité de traitement. LE Conseil fédéral et le Parlement commettent cependant une erreur d'appréciation en estimant qu'il s'agit de privilégier certains employés, quand il s'agit en réalité de créer enfin des conditions de travail attrayantes pour le personnel soignant, afin d'éviter que le pan soins santé du service public ne s'écroule. C'est ce que la politique officielle n'a toujours pas compris, et refuse de comprendre pour des raisons idéologiques. Car sinon, ne lui faudrait-il pas admettre que le marché libre ne peut justement pas tout régler?

La privatisation et le profit

Le «oui» du peuple à l'initiative sur les soins infirmiers a prouvé sans équivoque qu'il n'adhère plus à la politique de santé menée par le Conseil fédéral et le Parlement au cours des 20 dernières années. L'externalisation des soins de santé, autrefois publics, vers des entreprises privées à but lucratif a entraîné partout une baisse de la qualité et une hausse des prix. Aucune des promesses faites à l'époque n'a pu être tenue par le secteur de la santé privatisé. Et tout le monde le savait. Car il ne s'agissait pas de garantir des soins de qualité pour tous, mais d'ouvrir le domaine de la santé aux profits privés. Ce faisant, on a sacrifié sur l'autel du profit un élément essentiel à son bon fonctionnement: le personnel de la santé. Or la Berne fédérale n'avait pas imaginé que celui-ci puisse se défendre, soutenu de surcroit par la population. Elle ressent cela comme un affront, ce qui explique son attitude.

Une mise en œuvre minimale de l'initiative sur les soins est à craindre

Pour le Conseil fédéral et le Parlement, le personnel de santé n'est qu'un groupe quelconque de travailleurs, sans importance majeure pour notre société. Ils ont renoncé à l'idée d'un système de santé en tant que service public. Par conséquent, ils ne feront que le strict minimum pour mettre en œuvre l'initiative sur les soins et chercheront en priorité à remédier aux symptômes. C'est ce qu'ils indiquent en excluant le personnel de la santé de la mise en œuvre de l'initiative. Pour Syna, il est urgent que les problèmes et les revendications du personnel soignant soient pris au sérieux et que la politique les entende et agisse enfin. Puisque ce n'est pas encore le cas, il est essentiel que nous continuions tous de faire pression en poursuivant la lutte.

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