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Forfaits par cas: l’histoire d’une débâcle

Le Parlement fédéral a introduit les forfaits par cas en 2012, transformant du jour au lendemain le secteur de la santé en Suisse: de service public, il est devenu un marché qui vaut des milliards, et dans lequel les prestations de santé sont devenues un produit comme un autre. Le personnel soignant et les patient-e-s sont les grands perdants de cette politique.

«Efficacité!», tel était le mot magique prononcé comme une incantation par la majorité bourgeoise au Parlement fédéral réunie autour du conseiller fédéral Pascal Couchepin, lorsqu'elle a décidé l'«économisation» de la santé suisse en 2007. Il s'agissait de contraindre, par une pression économique accrue, les institutions de santé à fonctionner enfin selon les critères de l'économie de marché. Alors qu'on savait depuis longtemps, grâce aux expériences faites à l'étranger, quelles en seraient les conséquences. Mais personne – pas même la gauche – ne s'est opposée à cette commercialisation du secteur de la santé. Le dernier bastion du service public est tombé, et l'on s'est mis à faire de l'argent, beaucoup d'argent.

L'essentiel est de faire du chiffre, des bénéfices

Dix ans plus tard, toutes les craintes se sont réalisées. Dans tout le pays, les hôpitaux ferment les uns après les autres, et ceux qui restent ne veulent plus traiter que les cas lucratifs, ou du moins autant que possible, même lorsque le traitement ne serait pas absolument nécessaire. Dans le même temps, les prestations aux patient-e-s, pensionnaires ou client-e-s des hôpitaux, EMS ou services à domicile perdent constamment en qualité, tandis qu'on économise à outrance sur le personnel. L'essentiel est clairement devenu le chiffre d'affaires, les bénéfices empochés. Dans ces conditions, il est évident que le principal objectif politique des réformes d'alors, une baisse des coûts de la santé, ne saurait être atteint. On constate au contraire à une croissance de ces coûts, année après année.

Quitter la profession, l'ultime protestation

À l'heure actuelle, personne ne peut – ne veut – nous dire où passe l'argent des impôts et des primes d'assurances maladie. Une chose est sûre: pas dans les salaires du personnel, là où il devrait aller. Les conditions de travail se sont dramatiquement dégradées, au point que nombreux sont ceux et celles qui quittent leur métier, refusant de travailler ainsi. Démissionner est la seule forme de protestation qui leur reste contre ce système inique.

Si nous voulons continuer d'assurer en Suisse des soins de santé pour toutes et tous, il nous faudra inévitablement revenir au service public. Malheureusement, les professionnel-le-s de la santé sont bien seul-e-s dans leur lutte pour atteindre cet objectif. Le personnel de la santé a prouvé qu'il savait lutter. Et il est évident qu'il doit le faire.

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