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La protection des travailleurs en péril

Abandon de l'enregistrement du temps de travail, augmentation de la durée hebdomadaire de travail et diminution des temps de repos: la procédure de consultation sur la révision de la loi sur le travail laisse présager un démantèlement massif de la protection des travailleurs. Pour nous, c'est hors de question!

Si elles mettent en avant la flexibilité, les deux initiatives parlementaires des conseillers aux États Karin Keller-Sutter (PLR) et Konrad Graber (PDC) constituent en réalité une attaque frontale contre la protection des travailleurs.
En effet, elles proposent de supprimer l'obligation d'enregistrement du temps de travail pour certaines catégories de travailleurs, d'étendre la durée de travail hebdomadaire grâce à une annualisation du temps de travail, de raccourcir les temps de repos et de supprimer l'interdiction de travailler le dimanche.

Majorité des employés touchés

Ce ne sont pas juste de nouvelles exceptions qui doivent être inscrites dans la loi sur le travail; il s'agit en fait d'un important démantèlement de la protection des travailleurs. Preuve en est le flou qui entoure le domaine d'application: ces nouvelles règles doivent s'appliquer aux responsables hiérarchiques et aux professionnels bénéficiant d'un «pouvoir décisionnel conséquent» et «d'une grande autonomie dans leur travail».
Ces notions intentionnellement floues doivent permettre d'y soumettre le plus de travailleurs possibles. Potentiellement, jusqu'à 40% des employés pourraient être concernés.

Vers une semaine de 80 heures

La révision prévue vise en premier lieu une hausse de la durée maximale hebdomadaire du travail. Annualiser le temps de travail rendrait caduque le maximum de 45 ou 50 heures par semaine. En outre, le projet prévoit un allongement de la période d'emploi maximale par jour, alors que les temps de repos seraient eux raccourcis. Cela signifie que la durée maximale de travail à fournir sur une semaine pourrait massivement augmenter.
Avec des horaires pouvant atteindre 13,5 heures par jour, sans interdiction de travailler le dimanche, la charge pourrait atteindre 80 heures dans des cas extrêmes.

Procédé injuste

La demande de renoncer à l'enregistrement du temps de travail est particulièrement dérangeante. Il y a moins de trois ans, un compromis avait été négocié en partenariat social: la suppression de cette obligation avait alors été acceptée dans la mesure où le temps de travail est régulé au niveau d'une CCT et que les collaborateurs concernés gagnent au moins 120 000 francs par année. Cette nouvelle réglementation fera l'objet d'une première évaluation à la mi-2019. Malgré cela, la révision de la loi sur le travail en discussion prévoit une suppression à large échelle de l'obligation de saisie du temps de travail. Le partenariat social est foulé aux pieds!

Risques pour la santé et travail gratuit
Augmenter la durée du travail hebdomadaire accroîtra les risques pour la santé des travailleurs. En effet, aujourd'hui déjà 40% souffrent de stress au travail; l'assureur-maladie CSS a observé une hausse de 35% des maladies psychiques ces 5 dernières années.
Cette jungle des horaires rendra toute planification encore plus périlleuse, et concilier travail, obligations familiales, loisirs, formation (continue) ou activités bénévoles deviendra une vraie gageure.
En outre, ne pas saisir les temps de travail conduira inéluctablement à une hausse du travail gratuit. Les 191 millions d'heures supplémentaires effectuées en 2017 selon l'OFS partiront alors purement et simplement en fumée.

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