Syna l'a combattue, mais elle est là: la réforme AVS21 fait désormais travailler les femmes une année de plus, sans aucune amélioration de l'égalité salariale ou simplement de l'égalité en général. Le niveau salarial dans les métiers majoritairement féminins et une carrière parsemée de périodes d'interruption ou de temps partiels, ne permettent bien souvent pas d'envisager financièrement une retraite anticipée.
Nous nous en doutions, l'égalité, en Suisse, est bien en retard en comparaison européenne: notre pays rechigne à sortir la femme de son rôle traditionnel héritée d'une société patriarcale.
L'enquête représentative «Baromètre Conditions de travail 2023» montre clairement que le faible taux de chômage et la pénurie de main-d'œuvre marquée ont des répercussions importantes sur les travailleurs et travailleuses. Cela a, d'une part, des effets positifs, dans la mesure où l'inquiétude concernant l'emploi diminue et, d'autre part, des effets négatifs, avec une augmentation de la charge de travail et du stress. Les causes sont, entre autres, les nombreuses heures supplémentaires, le travail régulier pendant les loisirs et un emploi qui ne correspond pas au taux d'occupation souhaité. En conséquence, l'épuisement professionnel est au plus haut chez les travailleurs et travailleuses et une proportion croissante d'entre eux prévoit de changer d'emploi en raison d'un stress excessif. Les derniers résultats de l'enquête montrent aussi des lacunes dans le soutien à la formation continue et une sensibilité toujours insuffisante à l'égard de l'égalité salariale entre les sexes.
Toutes les entreprises employant plus de 100 personnes avaient jusqu'au 30 juin 2023 pour passer leurs salaires au crible afin d'identifier d'éventuelles discriminations entre les femmes et les hommes, puis pour communiquer les résultats au personnel. Les entreprises qui ne l'ont pas fait risquent désormais de se retrouver sur la liste noire de la plateforme RESPECT8-3.CH. Nous appelons tous les travailleurs à signaler anonymement leur entreprise si celle-ci n'a pas respecté son devoir d'information.
Le 14 juin dernier, nous étions 300 000 à défiler dans toute la Suisse pour exiger l'égalité. Le constat est simple: le système patriarcal ne fonctionne plus. Nous avons assez attendu, nous avons été beaucoup trop patientes. Désormais, l'égalité c'est pour tout de suite. Ce n'est plus une option, mais une priorité pour Syna.
Malgré l'absence d'ancrage juridique, les entreprises appliquent un seuil de tolérance de 5% dans l'analyse des discriminations salariales entre femmes et hommes. La légitimité de ce seuil de tolérance a été examinée dans le cadre d'une étude. Travail.Suisse, l'organisation faîtière de Syna, salue cette analyse fondée. La conclusion de l'étude, selon laquelle le seuil de tolérance devrait seulement être réduit de moitié à 2,5%, est toutefois difficilement compréhensible. Travail.Suisse demande la fin de la tolérance en matière de discrimination et l'abolition complète du seuil de tolérance.
Cela fait bien trop longtemps que les femmes taisent les discriminations qu'elles subissent au travail. Il est temps de faire voler en éclat le plafond de verre qui empêche insidieusement et trop souvent les femmes d'atteindre des postes hiérarchiques élevés. Les remarques sournoises, les préjugés doivent aujourd'hui être dénoncés et relégués aux oubliettes. Nous avons été trop polies, trop patientes, trop conciliantes: aujourd'hui, nous ne tolérons plus aucune discrimination au travail pour des raisons de genre ou d'orientation sexuelle. C'est le message que nous ferons entendre demain dans la rue, en exigeant haut et fort l'égalité maintenant!
Aujourd'hui encore, les femmes sont moins bien payées que leurs collègues masculins pour un même travail. L'égalité salariale a beau être inscrite dans la loi, ce droit est bafoué. C'est pourquoi nous descendrons dans la rue le 14 juin pour exiger «l'égalité salariale, maintenant!».
Les entreprises comptant 100 employé-e-s et plus ont jusqu'au 30 juin 2023 pour s'assurer de l'absence de discrimination salariale entre les femmes et les hommes et pour communiquer les résultats de leur analyse à leur personnel. Il est désormais possible de signaler anonymement les employeurs ne respectant pas cette obligation légale, grâce à un outil de lancement d'alertes. À cet effet, Travail.Suisse et ses fédérations mettent en ligne dès aujourd'hui la «Liste noire contre la discrimination salariale» sur le site RESPECT8- 3.CH, contribuant ainsi à la mise en oeuvre des analyses de l'égalité des salaires. De telles analyses ne constituent toutefois qu'une première étape nécessaire mais non suffisante pour instaurer l'égalité salariale. Travail.Suisse revendique des mesures efficaces contre la discrimination salariale, tant au niveau politique que dans le cadre du partenariat social.